Les Dossiers Bangle #23 : Le Procès de John Bangle

L’affaire John Bangle a été ma toute première expérience en matières criminelles aux Archives du Vieux-Montréal. La fouille a été fascinante, mais aussi riche en formation pour cette période, soit les années 1820.

Le procès de John Bangle a débuté le lundi 6 novembre 1820 et s’est conclu neuf jours plus tard, soit le 15 novembre 1820, date à laquelle a été prononcée sa sentence. John Bangle a été jugé devant la Cour Oyer et terminer.

Mais vous n’avez pas besoin de moi pour suivre le procès. Laissons les documents nous révéler la suite des choses :

Le lundi 6 novembre 1820
« No 26
Dominus Rex
vs
John Bingle

Accusation de meurtre
Confirmation de l’acte d’accusation
Le prisonnier a été amené à la barre, a comparu devant le tribunal et a plaidé non coupable à ladite accusation. »

Le jeudi 9 novembre 1820
« La Cour s’est réunie
Étaient présents
L’Honorable James Reid
L’Honorable Louis C. Foucher
[…]
No 26
Dominus Rex
c.
John Bingle

À l’accusation de meurtre

Le prisonnier a été appelé à la barre et étant prêt pour son procès, les jurés suivants ont été appelés et assermentés pour juger l’affaire, nommément :

Joseph Herse
James Lane
Pierre Martineau
Joseph Nadeau
Robert Drummond
Jean Bapt. Castonguay
Francs. Lecarreau
Pierre Malo
Augn. Tullock
André Auclaire
Chas. Boudria
J. Mittleberger

Le représentant de la poursuite a entamé le procès en appellant à la barre John Shortland, Nathaniel Craig, Dr Cristopher Carter et Charles Myers qui prêtent serment et sont interrogés en qualité de témoins de la Couronne.

Mary Hogan, Catherine Bingle et Joseph Tibeau prêtent serment et sont interrogés en qualité de témoins de la défense.*

La preuve ayant été présentée, l’Honorable Juge Reid a ordonné aux jurés de se retirer por délibérer sous la surveillance de Joseph Cire qui a prêté serment à cet effet. Le jury est revenu en cour et après avoir été appelé, le président du jury, Augustin Tullock, a déclaré avoir reconnu l’accusé d’homicide involontaire à l’unanimité par le jury. »

* Ces témoignages n’ont pas été conservés aux Archives.

Le mercredi 15 novembre 1820
« La Cour s’est réunie
Étaient présents
L’Honorable Juge Reid
L’Honorable Juge Foucher
L’Honorable Juge Pyke
[…]
Dominus Rex
c.
John Bingle

Accusé de meurtre

Reconnu coupable d’homicide volontaire

Jugement

Que le prisonnier soit marqué au fer rouge dans la main devant la Cour et soit par la suite emprisonné dans la Prison Commune du présent District, pour une durée de douze mois civils. »


Premier palais de justice de Montréal – 155, rue Notre-Dame Est, 1803-1844, Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Albums de rues E.-Z. Massicotte. B-11-a.

Commençons par les mauvaises nouvelles.

Il n’existe pas de registre des écrous pour cette période. Il est donc impossible de vérifier si John Bangle a été libéré et à quel moment, le cas échéant. Peut-être a-t-il fini ses jours à l’ombre, qui peut le dire? La même situation prévaut pour Louise Quevillon. Tout ce que nous savons c’est qu’elle est probablement décédée en 1847, à Montréal, déjà veuve de John Bangle.

Les bonnes nouvelles maintenant.

Malgré tout, j’étais quand même passablement excitée de lire les noms de Mary Hogan et de Catherine Bangle! Il s’agit selon toute vraisemblance des filles de John Bangle.

Mary Bangle a épousé William Hogan en 1810. Mais oublions-la pour l’instant. Il y a trop à raconter sur elle et sa famille.

Catherine Bangle, que j’avais initialement identifiée comme étant la soeur de John, est sûrement sa fille née en 1786. Pourquoi en ai-je déduit cela? Tout d’abord, dans le cas qui nous occupe, Mary Bangle est désignée sous son nom de femme mariée. Conséquemment, pour des raisons de cohérence, Catherine Bangle aurait été mentionnée sous le nom de Catherine Smith. De plus, nous sommes au fait que Catherine Bangle était la marraine de l’une des filles de sa soeur Josette, née en 1806. Cette Catherine ne pouvait être Catherine Bangle Smith puisque cette dernière n’était pas catholique. Et comme nous n’avons repéré aucun mariage pour cette Catherine Bangle avant 1820, il est fort probable qu’elle était toujours célibataire à 34 ans et qu’elle vivait à Sorel. Il est également possible qu’elle habitait la maison paternelle avec sa soeur Mary à ce moment-là.

Comme vous l’avez sans doute observé vous-même, sitôt un mystère résolu, un autre se présente à nous. Que s’est-il passé pour John et Louise après novembre 1820? Après leur libération, sont-ils demeurés à Montréal? Sont-ils retournés à Sorel? Dès que la soussignée obtiendra quelque précision, elle sera la première à vous prévenir.

Le prochain article dressera le portrait de la famille de Mary Bangle et de William Hogan.

On se revoit dans deux semaines!


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