Abraham Sorrell (5)—Le recensement américain de 1850 pour Ferrisburgh ne dit pas tout

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Abraham Sorrell, décédé des suites des blessures subies lors de la bataille de Wilderness durant la Guerre civile en mai 1864, s’est marié trois fois. Son dossier de guerre civile nous brosse un portrait inestimable des gens qui vivaient à Ferrisburgh en 1850 et au-delà.

La lecture de ce dossier de pension des plus divertissants tire à sa fin. Maintenant que vous avez pris connaissance du témoignage laissé par sa première femme, Eliza Sears, sa deuxième, Eliza Carpenter, sa belle-soeur, Catherine Palmer, soeur d’Eliza Carpenter, son cousin, Oliver Sorrell, il est temps de laisser la plume à l’enquêteur du Bureau des pensions et de voir quelle conclusion il en a tiré.

Tel que promis, dans environ deux semaines, je publierai une courte biographie de chaque personne concernée par cette histoire. Bonne lecture!


Historique du cas
Le soldat s’est marié avec Eliza Sears (la mère de ses enfants) le 28 janvier 1849. Il l’a quittée et, sans avoir obtenu le divorce, il s’est marié avec Eliza Carpenter, le 15 déc. 1856. Le 12 août 1861, il s’est marié avec Fanny C. Whittier, qui a déposé une requête de pension le 20 oct. 1866, et l’a obtenue, recevant 8 $ par mois à compter du 13 mai 1864 (date du décès du soldat) jusqu’au 4 mars 1873. Sa pension a été suspendue le 25 juillet 1873. Selon le témoignage de Stephen Ball et de Nelson Sears, il appert que les deux derniers mariages étaient illégaux, et, évidemment, de ce fait, ladite Fanny C. a obtenu sa pension sans y être admissible.

Autres points accessoires

1re demande a été faite par John Sears-Tuteur, 21 nov.1864
2e demande a été faite par Eliza Carpenter, 7 juillet 1863
3e demande a été faite par Fanny C. Whittier, 20 oct.1866
4e demande a été faite par les enfants du soldat, direct, 31 mai 1880

Il en est résulté que la femme Fanny C. Whittier, ayant fait la preuve qu’elle était mariée au soldat et juré qu’il ne laissait pas d’enfants, a obtenu une pension (certificat No 107.876) et qu’elle a été payée à compter de la date de décès du soldat (13 mai 1864) jusqu’au 4 mars 1873. Les paiements ont été suspendus le 25 juillet 1873.

Paul H Berkan
Enquêteur

St. Albans Vt. 3 octobre 1881
À l’attention du Commissaire aux pensions

Monsieur,

J’ai l’honneur de soumettre le rapport suivant quant à la réclamation des enfants mineurs de Abram Sorrell No 72.870. qui m’a été référée en vue d’un examen spécial afin de déterminer la pertinence respective des réclamations des trois prétendues veuves dudit soldat ainsi qu’une quatrième réclamation des enfants mineurs du soldat issus de son union avec la première de ses trois femmes. J’ai été spécialement chargé d’examiner tout ce qui a trait à toute séparation que ce soit entre ledit soldat et sa première femme, dont le nom de jeune fille était Eliza Sears.

Comme réponse, je soumettrais respectueusement les pièces « A, » à « G. » Elles démontrent de façon concluante l’absence de divorce et que, conséquemment, les deux derniers mariages du soldat étaient illégaux et nuls.

Ses enfants issus du premier mariage doivent être reconnus comme seule partie légalement admissible à une pension, mais leur droit ne commence à courir que lorsque la veuve a été légalement remariée, son mariage précédent ayant été aussi illégal et nul.

En conséquence, je recommanderais qu’une pension soit accordée auxdits mineurs, Napoleon et Mary Sorrell, du 9 oct. 1864 au 18 juin 1866, date à laquelle la benjamine a atteint l’âge de seize ans. Ladite Mary s’est mariée avec un dénommé St. Peters; le couple vit à, ou près de Ferrisburg, Vt.

Selon la meilleure information disponible actuellement, je pense que leurs âges (tels que mentionnés dans la preuve au dossier) sont exacts. Quelles que soient les circonstances, la question de légitimité ne peut être soulevée bien que la paternité de Mary doit toujours être mise en doute. Les familles sont françaises, comme c’était le cas dans la dernière affaire dont j’ai fait rapport, mais il serait injuste de considérer cette affaire comme un exemple de la moralité française. Du début à la fin, la preuve établie n’est rien de moins que répugnante. Les faits n’ont pu être obtenus que par un coup de filet dans les bas-fonds. J’ai fait le mieux que j’ai pu; et à mon avis, tout cela est nécessaire.

À Vergennes, où le soldat a vécu pour une courte période avec Eliza Carpenter comme mari et femme, j’ai trouvé plusieurs personnes de descendance américaine qui se souvenaient à peine avoir connu les parties il y a une vingtaine d’années. Mme Ryan par exemple, citée dans la déposition, mais aucun n’a pu témoigner de quoi que ce soit de valable. Les officiers de la ville et autres hommes notables que j’ai vus avaient la certitude que le soldat n’a jamais divorcé de qui que soit, n’ayant jamais eu à s’occuper de ce côté de l’affaire. Même chose encore du côté de Ferrisburg, par conséquent aussi peu d’affidavits de la part d’autres parties.

Chacun des trois mariages ont été consommés sans aucun doute, tel que démontré; par contre, le mystère plane sur quand et comment le soldat a d’abord fait la connaissance de la disciple des campements, Fanny, qui a obtenu la pension la plus généreuse grâce à ce soldat adepte du mariage.

Pour ce qui est du démenti d’Eliza Ayers quant au fait qu’elle n’aurait jamais fait aucune réclamation de pension en tant que veuve du soldat, il n’est pas permis d’en tenir compte, quand les documents montrent qu’elle a, en 1865, comparu et signé devant un homme tel le juge Grandy, que je connais comme l’un des premiers hommes de cet État. Je lui ai montré son affidavit sur ce point; il a dit que c’était tout simplement ridicule, car il se souvient d’elle à l’époque, comme d’un personnage tristement célèbre; on avait même essayé une fois de la faire comparaître devant lui, à titre de maire de la ville, pour vagabondage. Je rejetterais donc la réclamation de la veuve No 280.466, tel que rapporté.

Respectueusement, votre humble serviteur,
(signé) Wm Hutchinson
Enquêteur spécial


♥ Un remerciement bien senti à Danielle Tourville pour la transcription et la traduction des documents.

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