Les Dossiers Bangle: #31 | La vie des enfants de Marie Tourville après le décès de William Bangle

BANQUne fois disparu le principal sujet de notre recherche — dans le cas présent, William Bangle (1765-1821) — nous avons tendance à négliger la veuve au profit des enfants, et ce, trop souvent seulement après leur mariage. Si mon prochain article est entièrement consacré au destin de Marie Tourville, pour l’heure, je m’intéresse plutôt au fonctionnement de la cellule familiale.

Le père est fréquemment absent — il était voyageur. Au début de leur mariage (aux environs de 1794), William et Marie vivent principalement à Terrebonne; dans la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul, sur l’Isle Jésus; et à Mascouche — où William possède une terre qu’il vendra en mars 1813.

Les actes de baptême de ses derniers enfants indiquent que le couple part s’établir d’abord à Berthier vers 1815, ensuite à Sainte-Élisabeth-de-Joliette où William décédera en 1821. De 1815 jusqu’à sa mort, il est identifié comme journalier, ce qui expliquerait l’absence d’acte notarié le concernant après 1813.

William et Marie ont eu 12 enfants. Nous savons pertinemment que deux d’entre eux sont décédés avant d’atteindre l’âge adulte — Pierre et François-Jean. Nous nous consacrerons donc aux dix enfants survivants.

Avant le décès de William

En 1816, cinq ans avant le décès de William, deux de ses enfants se sont mariés.

D’abord Madeleine, avec Benjamin Cormier, un fermier de L’Assomption. Saviez-vous que Madeleine, dont les parents sont de Sainte-Élisabeth, vit pourtant à Mascouche lorsqu’elle s’y marie, le 5 février 1816, à l’âge de 17 ans? En l’absence de son père, c’est Michel Morisseau qui la mène à l’autel. Sont également présents son frère Charles Bangle (13 ans) et son oncle Charles Tourville. Michel Morisseau est le beau-frère de l’épouse de Charles Tourville.

Puis l’aîné, William, 21 ans, avec Thérèse Lippé, de Saint-Joseph-de-Lanoraie, le 25 novembre 1816, à Saint-Joseph-de-Lanoraie. Son lieu de résidence n’est pas mentionné; cependant, ses parents sont de Sainte-Élisabeth. Ceux-ci ne semblent pas être présents, les témoins de William étant ses amis Alexis Dalcourt et Étienne Laisse.

De plus, un autre fils de William se marie avant le décès de ce dernier; André épouse Mary Ann Bullock le 8 décembre 1820, à Dunham (église anglicane). L’information fournie est plutôt succincte: il est majeur (presque 24 ans), il vit à Saint-Hyacinthe, et les seuls témoins sont John B. Tenny et Jenny Tenny. Encore une fois, les parents n’assistent pas à la cérémonie.

Après le décès de William

En résumé, le 2 février 1821, jour du décès de William Bangle à Sainte-Élisabeth, les enfants suivants étaient mariés :

  • William, 25 ans, résidant à Saint-Paul-de-Lavaltrie (à une distance de 30 km);
  • André, presque 24 ans, résidant à Saint-Paul-d’Abbotsford (à une distance de 120 km); et
  • Madeleine, 22 ans, résidant à L’Assomption (à une distance de 30 km).

Les autres enfants sont Charles, 18 ans; Joseph, 14 ans; Élisabeth, 12 ans; Reine, 10 ans; Félix, 8 ans; Catherine, 5 ans; et Angèle, 3 ans.

C’est un peu compliqué d’en apprendre davantage sur cette famille en l’absence d’un acte de tutelle ou d’autres contrats notariés. Néanmoins, j’ai fait l’exercice d’examiner tous les actes de mariage des enfants et les actes de baptêmes de leurs enfants respectifs. Dommage qu’aucun des enfants n’ait fait faire de contrat de mariage où l’on désigne habituellement une longue liste de parents.

Jetons un coup d’oeil à la situation de William, André et Charles.

Aucun membre de la famille Bangle n’est parrain ou marraine des enfants de William. Ce dernier s’est d’abord établi à Lanoraie, en 1827, et par la suite à Berthierville, en 1831 (où il décédera en 1842).

Scénario identique pour les enfants d’André, baptisés à l’Église anglicane. Cultivateur à Saint-Paul-d’Abbotsford, il y est décédé des suites d’un accident en 1828.

Quant à Charles, également membre de l’Église anglicane, il a épousé la veuve d’André (aucun acte de mariage n’a été trouvé) et vivait sur la terre acquise par ce dernier. Seule sa fille Lucia, baptisée en juin 1840, a une certaine Mary Bangle comme marraine. Cette personne ne signe pas. De qui s’agit-il? Mystère.

Le deuxième mariage de Marie Tourville

Le 13 juillet 1824, Marie Tourville épouse un veuf, Basile Laurence, à Sainte-Élisabeth-de-Joliette. Elle avait 45 ans, lui, 58. Deux fils de Basile sont présents, mais l’identité des autres témoins n’est pas connue. À ce moment-là, les enfants non mariés de Marie sont Charles, 22 ans; Joseph, 17 ans; Élisabeth, 16 ans; Reine, 14 ans; Félix, 12 ans; Catherine, 8 ans; et Angèle, 6 ans.

Recensement canadien de 1825

Comme vous le savez, les premiers recensements de cette époque ne mentionnaient que le nom du chef de famille.

En 1825, le deuxième mari de Marie Tourville, Basile Laurence, est énuméré à Berthier. L’identité des autres personnes de la maisonnée n’est pas spécifiée. Il peut s’agir de la fille de Basile et (ou) des filles de Marie.

Pour William Bangle, les chiffres concordent. Le foyer composé de cinq personnes à Saint-Paul-de-Lavaltrie comprend également sa femme, Thérèse, et leurs trois premiers enfants.

Un certain Samuel Bangle est énuméré dans un foyer comptant 11 personnes à Yamaska. L’énumérateur aura-t-il confondu les noms de Samuel Bullock (père de Mary Ann) et d’André Bangle? Encore une fois, difficile de confirmer qui habitait dans cette maison.

En ce qui concerne Madeleine Bangle, son mari, Benjamin Cormier, est le chef d’une famille de 11 personnes. À part le couple et ses enfants, les autres personnes pourraient être les parents de Benjamin et ses frères et soeurs. Une jeune fille de plus de 14 ans pourrait bien être Reine.

Deux autres mariages

Dans les années qui suivent, Élisabeth Bangle, 20 ans, épouse François-Xavier Zace, le 12 août 1828, à Sainte-Geneviève-de-Berthier. Comme son beau-père est son témoin, nous présumons qu’elle habitait chez les Laurence avant son mariage. De plus, Marie Tourville est la marraine du premier-né du couple, Alexandre Zace, né en 1829. Ce sera la seule fois que Marie sera marraine d’un de ses petits-enfants.

Joseph Bangle (s’il s’agit bien de la même personne) a épousé Theodate Yeaton, au New Hampshire, en septembre 1828. Il avait 21 ans.

Recensement canadien de 1831

William Bangle est introuvable dans le recensement de 1831. Il devrait être à Lanoraie ou Berthierville où il est décédé en 1842. Idem pour Basile Laurence, le mari de Marie Tourville. Le couple vivait-il avec l’un des fils de Basile?

André Bangle étant déjà décédé en 1831, sa veuve est énumérée comme cultivatrice à Saint-Pie (comté de Bagot). Au total, quatre personnes composent le foyer : les deux enfants d’André et de Mary Ann et un adulte de sexe masculin — vraisemblablement Charles Bangle, qui épousera Mary Ann deux ans plus tard. La terre de Mary Ann est voisine de celle de son père.

Résidant à Saint-Pie — au village cette fois — François-Xavier Zace, cordonnier, et sa femme, Élisabeth Bangle. À part leurs deux jeunes fils, on retrouve dans la maisonnée une fille de moins de 14 ans (Angèle?) et un garçon de 17 ans (Félix?).

Benjamin Cormier est énuméré à L’Assomption sous son surnom de Malouin. Chef de famille d’un foyer de 13 personnes, il est possible que l’une d’entre elles soit la future mariée Reine.

Des soeurs très liées

Reine, 21 ans, a épousé André Perreault, à L’Assomption, le 22 novembre 1831. Que son beau-frère Benjamin Cormier ait été son témoin conforte mon hypothèse que Reine vivait avec sa soeur Madeleine. L’année précédente, elle devenait la marraine de sa nièce Marie-Ermine Cormier. En 1832, Madeleine sera à son tour marraine de l’aîné de sa soeur Reine.

En 1835, Catherine Bangle sera la marraine du fils de Reine, Joseph-Placide Perreault.

Élisabeth Bangle et son mari, François-Xavier Zace, ont émigré au Vermont vers 1833. En septembre 1837, sa soeur Angèle est la marraine de sa fille Flavia, baptisée dans la paroisse St. Mary’s de Burlington, ce qui prouve qu’Angèle a aussi vécu au Vermont.

Cependant, le 5 février 1838, Angèle Bangle est de retour au Bas-Canada puisqu’elle épouse, à Berthierville, Louis-Raymond Brien dit Desrochers. Sont témoins au mariage, son beau-père, Basile Laurence, et son fils Louis Laurence. Le couple s’est par la suite installé à L’Assomption.

Le 11 mars 1838, c’est au tour de Catherine Bangle et John Minor (Ménard) de convoler en justes noces à Williston, au Vermont.

En octobre 1839, à L’Assomption, Angèle est la marraine de sa nièce Marie-Philomène Perreault. Deux mois plus tard, toujours à L’Assomption, c’est au tour de Reine d’être marraine de sa nièce Marie-Herminie Brien dit Desrochers.

Et enfin, dans les années 1840, Élisabeth et Catherine ont fait baptiser certains de leurs enfants à la mission catholique des Cantons-de-l’Est. Élisabeth et François-Xavier Zace sont respectivement marraine et parrain de Marie-Fidélie (ou Flavia) Ménard en 1843. Les deux couples résidaient à Stanbridge, au Québec. Comme mentionné dans un précédent article, selon le recensement canadien de 1842, Joseph Bangle vivait à Milton, au Québec.

Des frères très liés?

Vous vous souviendrez peut-être que Joseph et Félix/Philip Bangle étaient vraisemblablement à Montpelier, au Vermont, vers 1834-1836; des lettres leur ayant été adressées n’ayant jamais été réclamées au bureau de poste de la ville. La présence de tant de frères et soeurs au Vermont durant les années 1830 donne du poids à la théorie des deux frères.

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Comme quoi, même à partir de si peu de documents, on réussit à établir une ligne du temps respectable pour les enfants de William et Marie. Il ne fait aucun doute que chacun de ces enfants fera l’objet d’un article distinct. Entretemps, j’ai déniché des contrats notariés fort intéressants concernant leur mère, Marie Tourville, après le décès de William. Ne manquez pas le prochain article!


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