L’épopée hors du commun que nous suivons depuis le début de cette série tire à sa fin en ce qui a trait à Adam Bangle. Je reviendrai sans aucun doute sur sa période militaire à l’époque de la guerre de l’Indépendance américaine et sur son passage au Canada. Mais pour le moment, nous sommes de retour à Terrebonne où il a passé, grosso modo, les quinze dernières années de sa vie.
Quiconque a complété sa révision des dossiers paroissiaux devrait, en toute logique, poursuivre avec la consultation d’actes notariés. Pour ceux d’entre vous qui n’ont jamais fait de recherches dans les contrats notariés du Québec, j’aimerais tellement parvenir à vous convaincre de la richesse de ces documents. Oui, c’est beaucoup de travail, mais ça en vaut tellement la peine! La diversité des renseignements qu’ils nous livrent sur nos ancêtres est inestimable. Voyez-vous, sans ces contrats, jamais nous n’aurions pu établir que durant l’après-midi du 12 avril 1792, Adam Bangle et Marie Davis étaient en compagnie du notaire public Joseph Turgeon Jacques Dufault, à finaliser l’achat d’un terrain situé dans le village de Terrebonne.
Le vendeur de l’emplacement était « Christin Bolmant » (Christian Bollman), maître tailleur du village de Terrebonne. Vous aurez sans doute deviné qu’il était allemand. Auxiliaire démobilisé en 1783, il a quitté Terrebonne pour s’établir à Saint-Roch-de-L’Achigan où il est décédé en 1824.*
« […] fut present Christin Bolmant maitre Tailleur demeurant en ce village Lequel a par Ces presentes […] vendu […] à adam Benguett et marie Devis Sa femme demeurant en ce village à ce présent Et acceptans acquereurs pour Eux leurs hoirs et ayans Cause a l’avenir, un emplacement de terre de la Contenance de quatre vingts dix pieds de front, sur quatre vingts dix pieds de profondeur Sis et situés au bas de ce village joignant devant a la rue Ste marie en profondeur au Terrain de la veuve Janis tenant d’un Côté au nord de la rue St françois et de l’autre Côté a l’emplacement d’andré dubai sur lequel sont Construits une maison de pièces sur pièces et Etable […] ».
Je crois que c’est la première fois que je tombe sur un contrat dans lequel l’identité de l’épouse de l’acheteur est également indiquée. Est-ce tout simplement un hasard?
Ayant voulu vérifier si les rues mentionnées à ce contrat existaient toujours, j’ai consulté Google Maps. La réponse est oui. Mais je me suis aussi demandé si les noms de ces rues, encore utilisés de nos jours, correspondaient à celles situées au même endroit en 1792. J’ai alors eu l’idée de poser cette question sur la page Facebook de la Société d’histoire de la région de Terrebonne.
Non seulement M. Claude Blouin, de la Société, m’a-t-il indiqué l’emplacement exact de la maison d’Adam Bangle, mais il m’a orientée vers d’autres documents concernant les Bangle que je n’avais pas encore trouvés. Il ne faut jamais négliger de contacter les sociétés de généalogie et/ou les sociétés d’histoire locales où vos ancêtres ont vécu. Elles sont là pour vous guider dans vos recherches.
Cet acte notarié nous apprend également qu’Adam a versé, pour l’achat de cet emplacement, la « Somme de trois Cents schellings anciens de cette province ».
J’anticipe votre question : oui, nous y retrouvons la signature d’Adam que voici :
Un seul autre acte, daté du 20 juin 1792, se rapportant à Adam Bangle a été retrouvé, cette fois-ci parmi ceux préparés par le notaire public Jacques Dufault, pour une « quittance pour le rachat [de la rente] du constitut du 4 septembre 1787 par la veuve Janis à Christin Bolmans a Adam Benguell » relativement à l’emplacement de la rue Ste-Marie acquis deux mois plus tôt.
Comme vous le savez déjà, Adam est décédé en 1800. Qu’est-il advenu de Marie Davis après le décès de son mari? Rendez-vous dans deux semaines.