52 ancêtres en 52 semaines : #20 Adolphus Tourville (1836-1877)

Vous vous souviendrez peut-être d’avoir lu sur ce blogue, il y a de cela quelques mois, l’histoire d’Adelia Tourville Pelky Ouimette; son défunt mari, Adolphus Tourville, ayant servi dans l’armée d’infanterie du 96e régiment de New York, au sein de la compagnie F, elle espérait obtenir une pension.

Je considère très intéressant le fait que la personne agissant comme témoin dans la déposition ci-dessous, Prisk Pelky, soit le frère d’Andrew, le deuxième mari d’Adelia. Voyons ce qu’il avait à raconter à ce sujet :

Déposition G

Dossier d’Adelia Pelky, No. 414408

Devant moi, R. B. Lash, vérificateur spécial du Bureau des pensions, le 10e jour d’août 1896, à Champlain, comté de Clinton, État de New York, a personnellement comparu Prisk Pelky qui, dûment assermenté au préalable, a accepté de répondre avec franchise aux questions qui lui seront posées durant cette enquête spéciale concernant la réclamation pour pension mentionnée ci-dessus, témoigne et déclare ce qui suit :

Pelky finJ’ai 63 ans, je travaille dans le transport de marchandises et mon lieu de résidence ainsi que mon adresse postale sont Champlain NY.

Je suis né et j’ai grandi dans ce canton et je réside dans ce village depuis 42 ans.

J’ai côtoyé Adolphus Tourville ici avant et après la guerre. De fait, je l’ai côtoyé pendant toute la période où il a habité ici et je le croisais pratiquement tous les jours. En plus d’être peintre en bâtiment, il était aussi peintre de roues de charrette et travaillait pour Nodi Moore. Par la suite, il a eu sa propre affaire et il a également travaillé pour Wm Gettys quelques années après la guerre. Je n’ai aucun moyen de déterminer la date à laquelle il est parti d’ici pour aller s’installer à Keeseville NY et où il est décédé peu après.

Q : Quelle était sa condition physique au moment où vous l’avez côtoyé?

R : Il n’a jamais été doté d’une forte constitution, mais après son retour du front et jusqu’à sa mort, il a été très malade.

Q : De quoi souffrait-il?

R : Il toussait la plupart du temps. Une toux de tuberculeux, je dirais; je pense bien que c’est ce dont il a souffert le plus jusqu’à sa mort. Il toussait la plupart du temps, il n’avait plus que la peau et les os et il n’a pas cessé de dépérir jusqu’à son décès.

Q : Vous dites qu’il n’a jamais été un homme très robuste. Souffrait-il de toux ou de quelque maladie en particulier avant la guerre?

R : Il a toujours été plutôt frêle mais je ne peux pas dire qu’il ait été confiné au lit ou qu’il toussait avant la guerre ou avant son enrôlement. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’a jamais donné l’image d’une personne très robuste ou jouissant d’une trop bonne santé. Mais à partir du moment où il est revenu du front, son état de santé n’a cessé de se dégrader. Bien qu’il ait continué à travailler la plupart du temps, il a souvent été malade. Non monsieur, à ma connaissance, le seul mal dont il souffrait était cette toux de tuberculeux. D’après moi, cette toux a commencé quand il était dans l’armée. Je l’ai entendu raconter que lorsqu’il était dans l’armée, lui et d’autres ont dû aller dans l’eau alors qu’ils étaient à leur campement et qu’ils étaient ni plus ni moins que des rats d’égout, à la suite de quoi cette toux est apparue; un simple rhume suffisait à la provoquer et il se plaignait beaucoup de douleurs à l’estomac et aux poumons.

Je sais qu’il prenait certains médicaments et que quelquefois il devait s’absenter du travail durant toute une semaine ou même une dizaine de jours, mais je ne suis pas en mesure de dire qui le soignait.

Il a épousé Adelia St Aubin qui, après sa mort, a épousé mon frère Andrew Pelky. Mon frère est décédé il y a environ un an.

Je ne suis pas parent avec la demanderesse et je n’ai aucun intérêt dans cette demande de pension. Oui monsieur, j’étais ici tout au long de la guerre et j’ai côtoyé Tourville jusqu’à ce qu’il s’engage dans l’armée et dès sa démobilisation et son retour chez lui. Je ne me souviens pas en quelle année il s’est enrôlé ni quand il est revenu chez lui ou quand il est parti d’ici, mais je l’ai côtoyé tout le temps qu’il a passé ici. Je n’ai aucune idée où se trouve le reste de sa famille. Ni Adolphus Tourville ni sa femme Adelia St Aubin n’ont été mariés auparavant. Elle était la petite-cousine de ma femme et je la connais depuis qu’elle était toute jeune.

Je ne me souviens pas avoir jamais témoigné pour cette demande de pension.

Non je ne sais pas écrire mon nom.

Je n’ai aucun souvenir d’avoir jamais signé les papiers avant que vous ne me le montriez.

Vos questions ont bien été comprises et mes réponses ont été inscrites correctement.

Prisk Pelky (sa marque)

Que de renseignements précieux, n’est-ce pas? Nous apprenons qu’Adelia et Andrew Pelky se connaissaient depuis bien avant leur mariage (qui fut célébré en 1878), et que la petite-cousine d’Adelia avait épousé Prisk Pelky.

Adolphus s’est enrôlé le 6 novembre 1861, soit tout juste deux mois après la naissance de son fils aîné. Peut-être le travail en est-il venu à manquer et qu’il espérait ainsi pouvoir compter sur un salaire régulier?

Comme vous avez pu le constater à la lecture de ce témoignage, Adolphus a eu des problèmes de santé au retour de la guerre. En fait, il s’était enrôlé pour une durée de trois ans, mais, ayant été déclaré invalide, il a été démobilisé au bout de 18 mois seulement à New Berne, en Caroline du Nord.

Le médecin qui lui a donné son congé a rapporté ce qui suit :

 » […] je l’ai trouvé incapable d’accomplir son devoir de soldat en raison d’un problème aux poumons. Quelque temps après son enrôlement, son nouveau mode de travail l’a rendu malade. Par la suite, il a eu quelques épisodes de pleurésie. Lorsqu’il était stationné à la péninsule, tout particulièrement à Harrison’s Landing, il a eu des crises d’asthme. Il avait des palpitations cardiaques au moindre effort. Il est faible. Il a été la plupart du temps sur la liste des malades. Il est prédisposé à la tuberculose. Sa santé ne lui permet pas de remplir son devoir de soldat. »

Sur le rôle d’appel, il est indiqué qu’Adolphus a été malade à Harrison’s Landing pendant une grande partie du mois d’août 1862.

Berkeley_plantation_harrison_home

Photo de la plantation Berkeley. Pendant la Guerre civile, elle a été occupée par les troupes du général George McClellan’s Union. En juillet et août 1862, au moment où Adolphus Tourville était à Harrison’s Landing, le campement de 140 000 se trouvait dans les champs environnants. [source : http://www.civilwar.org/civil-war-discovery-trail/sites/berkeley-plantation-at-harrison-s-landing.html] ~~~ Photo : Library of Congress, Prints & Photographs Division, VA,19-CHARC.V,4-36

Adolphus est décédé à Keeseville, dans le nord de l’État de New York, le 4 janvier 1877, à l’âge de 41 ans. La date et le lieu de son décès ont été établis par le médecin qui l’a traité jusqu’à sa mort. Le Bureau des pensions a demandé à l’employé municipal de cette ville de confirmer ces données, mais on l’a informé qu’aucun document officiel n’existait pour cette période. De plus, l’employé a ajouté avoir communiqué avec la paroisse de la ville et on l’a avisé que son nom n’apparaissait pas dans les registres (de mon côté, aucune trace non plus de son inhumation dans les cimetières de Keeseville).


Pour en savoir plus sur Harrison’s Landing, en Virginie, au temps de la Guerre civile, cliquez ici (en anglais).

Pour en savoir plus sur le 96e régiment d’infanterie de l’État de New York dans lequel Adolphus a servi, veuillez cliquer ici (en anglais).


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