Les Dossiers Bangle : #27 | Marie Tourville chez le notaire Joseph Turgeon

Il y a quelques semaines, nous avons laissé William Bangle alors qu’il pagayait vers le nord-ouest aux termes d’un contrat d’engagement de deux ans. Il a été absent de la maison de mai 1803 à octobre 1805 environ.

Le 21 novembre 1804, Marie Huboux dite Tourville, demeurant au bourg de Terrebonne, se trouve en l’étude du notaire Joseph Turgeon. Elle mentionne que son époux William Bangle est « absent depuis un an & demi ou environ, pour les parties supérieures du haut Canada, ou il paroit avoir fixé sa résidense » (on dirait que Marie n’est pas au courant que William a signé un contrat d’une durée de deux ans).

« Laquelle, voulant faire le profit & avantage de William Bangle son fils, mineur de dix ans révolus le trois de Juillet dernier [il a plutôt eu 9 ans le cinq juillet précédent], l’a engagé & l’engage par ces présentes pour jusqu’à ce qu’il ait atteint lâge de vingt ans accomplis, à William Cain Mtre Tailleur résidant audt Bourg de Terre-bonne, à ce présent acceptant et retenant en qualité d’apprentis de son métier & pour ledt tems durant, le dit William Bangle, pour pendant icelui durant le servir en cette dite qualité, faire tout ce qu’il lui commandera, soit lui ou son épouse, de licite & honnête, et notamment tout ce qui est relatif, tant dudt métier de tailleur d’habit, que le ménage auquel sont ordinairement assujettis les apprentis, suivant l’usage de cette province; faire son profit, éviter scrupuleusement tout ce qui pourroit lui porter domage & l’en avertir s’il parvenoit à sa connoissance, sans par ledt apprentis enfin, pouvoir aucunement s’absenter du service de sondt maitre, soit pour travailler ailleurs, ou pour promenade, sans son expresse permission à cet effêt, à peine etc.

Ce présent Engagement ainsi fait, à la charge par le dit William Cain, ainsi qu’il promet & s’oblige de traiter son dit apprentis avec humanité. De le nourrir comme ses autres enfans. De lui montrer et enseigner son dt métier et tout ce dont il se mêle en icelui. De l’entretenir de hardes, linges, coêffures & chaussures ainsi que de lits pendant le cours du dit tems. Lui permettre l’instruction en sa religion Romaine, et lui donner un tems suffisant à cette fin; et enfin de lui payer pour tout salaire, lors du dt engagement expiré, un habillement complêt, soit en habit ou capot, au choix alors du dt apprentis, sans en obmettre chaussure & coêffure, qu’il emportera alors avec ses vieilles hardes, à peine etc. »

En mai 1803, Marie avait la charge de six enfants de moins de huit ans. Nous pouvons imaginer à quel point elle a eu du mal à survivre durant cette période sans son mari pour l’épauler, et de surcroît probablement sans moyens de subsistance pour sa famille. Placer un enfant en apprentissage auprès d’un maître n’était pas chose rare en ce temps-là. Était-ce une décision planifiée depuis longtemps nécessitant tout simplement la présence de Marie pour la signature ce jour-là? Ou bien avait-elle pris ces arrangements en raison de sa situation dans le but de réduire son fardeau?

Nous ne connaîtrons jamais ses motivations. Toutefois, nous savons que ce contrat n’a été ni annulé ni modifié. Est-ce que William est demeuré chez William Cain toutes ces années? William Bangle a épousé Thérèse Lippé quatre mois après avoir atteint sa majorité de 21 ans, en novembre 1816.

Deux jours après la finalisation de ce contrat, Marie aura de nouveau affaire au notaire Joseph Turgeon (cette fois-ci le rendez-vous a lieu dans la maison de William Bangle). Elle est en compagnie de son frère Charles pour la signature du contrat de mariage de leur soeur Catherine Tourville avec Jean-Baptiste Robin.


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