Nous avons tous une famille chouchou dans notre arbre, vous savez, celle sur laquelle on revient sans cesse parce qu’on espère trouver un petit quelque chose de nouveau. Sophie Arpajou n’est pas mon ancêtre, plutôt une lointaine cousine mais je me suis attachée à elle. 😉 J’aurais pu choisir son mari Charles Tourville pour cet article, mais tant de choses ont déjà été écrites sur lui. Place à la femme!
Tout d’abord, laissez-moi vous raconter comment j’en suis venue à faire des recherches plus poussées sur Sophie. C’était il y a longtemps, 15 ans peut-être, avant même que je n’apprenne l’existence des recensements américains, d’Ancestry, etc. Une nuit, alors que je travaillais très tard au bureau, en attendant l’approbation d’un document, pour m’aider à me tenir éveillée, je me suis mise à surfer sur Internet (pas d’Internet à la maison à cette époque). Devinez ce que j’ai fait ? Eh bien, j’ai tapé mon nom de famille bien entendu! Je faisais déjà de la généalogie à ce moment-là, travaillant sur la descendance de Mathieu Hubou et beaucoup de familles semblaient s’être volatilisées. Comme la recherche en ligne était quasi inexistante à cette époque, je devais consulter chaque répertoire de paroisse, la plupart d’entre eux ne comprenant que les mariages. Vous comprenez donc que j’avançais à pas de tortue étant donné le peu de temps que je pouvais consacrer à la généalogie. Je me souviens encore de la salle Gagnon, le samedi matin, à attendre mon tour avant de pouvoir mettre la main sur un lecteur de microfilms, et encore, pour seulement une heure. Ai-je besoin de dire à quel point le dépouillement des recensements canadiens prenait énormément de temps?
Donc, comme je le disais, j’étais au bureau, je surfais sur Internet et j’ai vu sur un forum de généalogie américain que quelqu’un cherchait des renseignements sur Antoine LaCount, marié à Catherine Tourville. J’ai donc envoyé un courriel à cette personne, Clay LaCount, à 2 h du matin et, à ma grande surprise, j’ai obtenu une réponse presque immédiatement (je n’avais pas réalisé qu’il vivait sur la côte Ouest). Il me mentionne que le frère de Catherine, Charles Tourville, ainsi que ses enfants, vivaient avec les LaCount à Chateaugay, dans l’État de New York en 1850. Que selon ce qu’on raconte dans sa famille, les LaCount s’installent d’abord à Vergennes, au Vermont, à environ 200 km au sud de St-Hughes, à la fin des années 1830, mais qu’ils se sont ensuite dirigés vers Chateaugay à la fin des années 1840. Comme je le disais dans un article précédent, c’est ainsi que j’ai été initiée à la recherche généalogique aux États-Unis.
Qu’est-ce que je connais de Sophie? Elle est née en 1811 à St-Hyacinthe. Son père, Étienne Arpajou, a perdu en 1804 sa première épouse, Marie-Françoise Laprée, alors mère de cinq enfants. La mère de Sophie est Madeleine Plourde qui a épousé Étienne en 1805. Outre ses cinq demi-frères et sœurs, Sophie a 3 frères et sœurs. Sophie a épousé Charles Tourville en 1827 à l’âge de 16 ans. Au moment de leur mariage, Charles a acquis une terre dans ce qui allait devenir St-Hughes.
Sophie semble avoir vécu à St-Hughes jusqu’aux environs de 1837. Après, la famille s’installe au Vermont. Seulement au cours de l’hiver d’abord, Charles travaillant probablement sur une ferme ou dans les usines de la région en tant que journalier comme le faisaient tant d’autres Canadiens-français à l’époque. Leur migration a-t-elle été influencée par les rébellions de 1837-1838? C’est fort probable.
Leur fille Domithilde Tourville est née le 16 février 1839 mais elle n’a été baptisée que quelque cinq mois plus tard au Québec. Il est fort possible qu’elle soit née au Vermont. Une autre fille, Philomène, a été baptisée à Burlington, en 1841. Julia serait née vers 1843, également au Vermont. Deux fils, Louis et Joseph, nés respectivement en 1844 et 1846, sont nés et baptisés au Québec. Fait intéressant, en 1844, pour le baptême de Louis, le père est absent. J’ai trouvé tout récemment deux enfants, baptisés la même journée, probablement des jumeaux, en 1848 à Burlington. Sophie a donc eu 13 enfants dont 8 ont atteint l’âge adulte.
J’ai toujours pensé que Sophie Arpajou était décédée à Chateaugay comme Charles vivait là en 1850 avec certains de ses enfants. Je crois plutôt qu’elle est décédée au Vermont. Peut-être est-elle décédée peu de temps après la naissance des jumeaux? Peut-être que Charles est allé habiter chez sa soeur pour avoir de l’aide pour ses enfants?
Ce que nous savons pour sûr c’est que les jumeaux n’ont pas vécu longtemps puisqu’un document, rédigé en octobre 1851, concernant la vente de la terre de Charles à St-Hughes et qui, selon la description qui en est faite, semble abandonnée depuis longtemps et la maison, dans un état pitoyable, atteste du décès des jumeaux avant 1850. Dans un acte de tutelle lié à cette vente, Charles donne la liste de ses enfants vivants qui sont Charles, Sophie, Étienne, Marie-Édesse, Philomène, Julie, Louis et Joseph.
Trouver tous les enfants de Sophie Arpajou n’a pas été une sinécure. Au cours des huit prochaines semaines, je consacrerai un article à chacun des enfants qui ont atteint l’âge adulte. Trouver des informations sur chacun d’eux était une aventure en soi (et elle est loin d’être terminée), alors ne manquez pas la suite!
Le nom Arpajou est très rare. Parfois orthographié Harpageau ou Arpageau, il semble avoir disparu. Je sais pertinemment que le neveu de Sophie, marié deux fois dans le Vermont, mais introuvable dans les recensements, y a résidé un certain temps et a eu plusieurs enfants. Si vous connaissez le nom « américanisé » pour cette famille, laissez-le moi savoir!