Des faits (pas si) divers : « Il a pris la mauvaise malle », mettant en vedette Joseph T. Tourville

St. Louis Post-Dispatch, le dimanche 1er septembre 1901, page 6


IL A PRIS LA MAUVAISE MALLE

M. Tourville quitte la maison de son fils marié

ET QUAND IL A EU BESOIN D’UNE CHEMISE ?

Bien, il a ouvert la malle à l’aide d’une hache, a découvert qu’elle était pleine de lingerie et a répondu à une petite annonce.


Toute cette histoire a commencé mercredi dernier lorsque grand-père Tourville a décidé de quitter la maison de son fils, C. B. Tourville, habitant au 4719 Greer Avenue, pour aller s’installer au centre-ville.

M. Tourville père opère la machine d’une usine de chemises du centre-ville. Il est certes plus doué lorsqu’il est question de boîtes chaudes que lorsqu’il est temps de faire une malle.

De ce fait, quand il a quitté la maison de son fils, il a attrapé la première malle qu’il a vue dans le hall et l’a fait envoyer à l’hôtel Bridge où il logerait dorénavant.

Mercredi soir, comme M. Tourville voulait sortir en ville, il songea alors à sa malle et à toutes les chemises blanches qu’elle contenait. Mais il ne parvint jamais à ouvrir la malle avec sa clé.

Finalement, il appela le propriétaire de l’hôtel et lui demanda de lui apporter une hache. Une fois le couvercle de la malle arraché, M. Tourville se retrouva devant tout un tas de vêtements blancs.

Il chercha une chemise et tomba sur une grenouillière blanche dotée de plusieurs volants.

« Belle soupape de sécurité ! » s’écria le vieux machiniste.

Il fouilla à nouveau dans la pile de linge et en sortit un autre vêtement.

« Bon sang! » s’écria-t-il: « si ça, c’est ma chemise, les dentelles sont mal placées. »

Le mystère allait s’épaississant et la pile de dentelles grossissait à mesure que l’homme, stupéfait, continuait à vider le contenu de la malle. Il finit par s’assoir, sidéré, jusqu’au moment où le propriétaire vint le rejoindre avec une petite annonce qu’il avait lue l’après-midi même dans le Post-Dispatch.

La petite annonce se lisait comme suit : « La personne ayant pris notre malle de lingerie par erreur pourrait-elle nous la rendre. ». C’était signé « O.B.T. ».

« Hum ! » dit le père Tourville: « Toute la soirée, j’aurai essayé de prendre de la lingerie pour une chemise blanche. »

Il se rendit immédiatement aux bureaux du Post-Dispatch et fit publier cette petite annonce :

PERSONNEL — O.B.T. : Ne pouvant porter de vêtements pour bébés ni de sous-vêtements féminins; appelez à l’hôtel Bridge, où le tout vous sera rendu. J.T.T.

« O.B.T. » prit connaissance de la petite annonce et vint reprendre la malle le jeudi.


Joseph T. Tourville est né à St. Louis, au Missouri, en 1833. Il était l’époux de Susan Stout. Il était soldat à la Guerre civile dans le 2e Régiment de cavalerie du Missouri. Il est décédé en 1908.

Tout en étant très amusant cet article se révèle très informatif. Je me suis toujours demandé quel genre d' »ingénieur » il était puisque c’était le métier qu’il mentionnait dans les recensements et annuaires.

Le Bridge Hotel était situé à St. Louis, au 700 N. 3rd Street.

Traduction de l’article : Danielle Tourville


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