Véronique Tourville Roland (née Caillou) (~1812-1841)

Lorsque je consulte les arbres publics de membres sur Ancestry au sujet de Véronique Caillou, la plupart de ces arbres ne donnent pas le nom de ses parents et indiquent qu’elle est née en 1813.

D’autres lui attribuent plutôt François Thomas Caillou et Marie-Eugénie Harpin pour parents, et mentionnent qu’elle est née le 3 juin 1813.

Enfin, ailleurs, on la retrouve sans parents, mais toujours avec le 3 juin 1813 comme date de naissance.

Je pense que ces membres pourraient avoir été induits en erreur.

Comme c’est souvent le cas lors du décès du mari, peu de gens se soucient d’en savoir plus sur la veuve et sont déjà prêts à explorer une autre branche de leur arbre. Eh! bien, en examinant plus à fond la branche de Véronique, voici ce que j’ai découvert.

Tout d’abord, l’acte de mariage provenant des registres catholiques de Saint-Ferdinand à Florissant pour l’année 1829 ne contient pas le nom des parents de Véronique Caillou et de Toussaint Tourville. Que faire alors? Jeter un coup d’oeil du côté des témoins pourrait nous guider : François Caillou et Louis Caillou. Il s’agit sans aucun doute de parents de Véronique. Le père, des frères, des cousins?

Véronique a donné naissance à deux garçons : Charles, en 1831, et Joseph Toussaint, en février 1833, soit quelques mois après le décès de son mari.

Toussaint est décédé en octobre 1832, sans avoir laissé de testament. L’administrateur de la succession, Anthyme Lenoir dit Roland, est devenu le deuxième époux de Véronique le 23 septembre 1833. Ils se sont mariés à l’église Saint-Louis-de-France. Cette fois-ci, le prêtre a été moins avare de détails; Véronique est la fille de Louis Caillou et de Marie Lalande, et elle est dite veuve de Toussaint Tourville. Parmi les noms des témoins, on peut lire ceux de Louis Caillou et de Régis Lalande.

Le couple formé de Louis Caillou et de Marie Lalande ne manque pas d’intérêt. J’ai trouvé les actes de baptêmes pour deux de leurs enfants :

  • Louis, né le 24 janvier 1811, baptisé le 20 mai 1811 à l’église Saint-Louis-de-France; et
  • Monique, née le 29 mai 1812, baptisée le 9 juin 1813 à l’église Saint-Louis-de-France.
First_Catholic_church_in_St_Louis_Missouri

Image de l’église Saint-Louis-de-France, première église de Saint-Louis, au Missouri, bâtie en 1770.
Référence : http://books.google.com/books?id=scUUAAAAYAAJ&printsec=copyright#PPA155,M1

Au début, si je n’arrivais pas à trouver de document venant confirmer l’union du couple, c’est parce que je vérifiais les registres d’avant 1811. Puis, j’ai remarqué que l’acte de baptême de Louis indiquait qu’il était né du mariage légal de […]. J’ai décidé de fouiller un peu plus et j’ai finalement vu que leur mariage avait été célébré à l’église Saint-Louis-de-France :

« Le Vingt-cinq mai mil huit cent seize par nous soussigné a été ratifié le mariage de Louis Cailloux avec Marie Lallande, veuve de joseph Lamarche, et ne s’étant découvert aucun Empêchement au dit mariage, nous soussigné curé de cette paroisse, avons reçu leur mutuel consentement et leur avons donné la bénédiction nuptiale selon les formes prescrites par notre mère la Ste Eglise, et ce en présence : de jean baptiste Morin, de françois Castongué, de francois Cailloux, d’alexis Lallande. »

Bien que pour l’instant rien ne vient confirmer cette hypothèse, je me suis demandé s’il était possible que Louis et Marie se soient d’abord unis lors d’une cérémonie civile.

Qu’est-il advenu de Louis Caillou et de Marie Lalande? Eh! bien, je sais que le père de Marie, Alexis Lalande, est décédé en 1820 à Saint-Louis et que Louis Caillou était l’administrateur de la succession, car il y était identifié comme étant le gendre d’Alexis. En 1828, Louis Caillou est cité à comparaître devant le tribunal du comté concernant ses tâches d’administrateur et il semble qu’il ne se soit jamais présenté. J’ai également trouvé un certain Louis Caillou et une certaine Marie Lalande Caillou, défendeurs, respectivement en 1833 et en 1834, dans une affaire de confiscation de cautionnements, relativement à l’inculpation de Louis pour vol qualifié. De quel Louis Caillou s’agissait-il? Le mari ou le fils? Ces dossiers ne sont pas disponibles en ligne, mais devinez qui en fera la demande.

Véronique est décédée à Saint-Louis en janvier 1841 après avoir eu trois enfants issus de son deuxième mariage : Anthyme, Geneviève et Michel Charles Borromée. Anthyme Roland est décédé en août 1860 et sa succession indique qu’il laisse trois enfants derrière lui : Anthyme, Charles B. (il est indiqué qu’il habite l’Illinois) et Amelia. Amelia pourrait être née de son deuxième mariage avec Margaret Rebenach. J’ai peut-être repéré Charles B. et sa femme, Martha, dans le comté de Jersey (en 1860, il était le voisin de Peter Tourville). Il a combattu pendant la Guerre civile. Le couple s’est ensuite installé au Texas. Je cherche toujours des preuves pour confirmer tout cela et pour retrouver les deux autres enfants. Il s’agit assurément d’une piste à suivre de plus près.

Basilica_of_St._Louis,_France_(color)

L’ancienne cathédrale Saint-Louis (Old Cathedral) a été consacrée en 1834. Les funérailles de Véronique ont donc eu lieu dans ce bâtiment.
Basilique de Saint-Louis (ancienne cathédrale). Photo prise par Tom Bastin, 5 juin 2011 ~ Référence : http://www.flickr.com/photos/16801915@N06/5946075593/

Voici un extrait du témoignage du frère de Véronique, Louis Caillou, lors de l’audition d’une poursuite devant la Cour suprême quant à l’administration de la succession de Toussaint Tourville par Anthyme L. Roland en 1855 :

« Le plaignant a appelé Louis Caillon qui a ensuite témoigné avoir connu le défendeur Roland. Il le connaît depuis 15 ou 17 ans. Toussaint Tourville, le père de celui qui est au tribunal aujourd’hui, était mon beau-frère. Après son décès, Roland a marié sa veuve et habitait dans la propriété de mon beau-frère. Quant à la maison dont il est question dans cette poursuite et dans les preuves présentées, le témoin est d’avis qu’elle aurait été construite avant 1840. Le logement du sous-sol est loué à partir de 3 $ ou 4 $ par mois. La moitié du rez-de-chaussée où Roland vivait valait 8 $ à 9 $ par mois. Deux autres logements sur le lot étaient loués aussi. Notre contre-interrogatoire du témoin par le défendeur va comme suit : J’étais ici quand mon beau-frère est décédé. Il était propriétaire du lot mentionné et il a laissé deux enfants : Charles et Toussaint. Roland a épousé la veuve de mon beau-frère et elle est décédée en 1841, je crois. J’ai dû quitter Saint-Louis, je pense, en 1833, 34 ou 35 pour aller en territoire espagnol. Je ne me rappelle pas quand je suis revenu. J’étais là en 1844 lors des grandes inondations et je suppose que j’étais ici depuis un an. Quand je suis revenu, la nouvelle maison n’était pas encore construite. Je ne peux pas dire en quelle année la nouvelle maison a été construite. J’étais ici en 1851. Je sais quand Roland est parti à La Nouvelle-Orléans. Ça devait être en 1851. Il a laissé sa famille ici. Ils ont continué à vivre dans la maison qui fait l’objet du litige. Sa famille y est restée après qu’il soit parti pendant un bon bout de temps, je ne peux pas dire exactement pendant combien de temps. Je ne me rappelle pas exactement quand la maison a été construite. Je suis certain que Mme Roland y vivait lorsque le sous-sol n’était pas loué. Roland occupait toute la maison. Après le départ de son mari, Mme Roland a habité le sous-sol un bout de temps puis elle a déménagé en haut. » [Traduit de l’anglais.]

Je ne peux m’empêcher de remarquer que Louis Caillou a quitté le pays vers 1833-1835 et que c’est justement au cours de cette période que son père (ou lui-même) avait eu maille à partir avec la justice.

Mais revenons à Véronique. Serait-ce possible que la deuxième enfant, Monique, puisse en fait être Véronique? La seule autre Véronique Caillou citée dans les registres est née de l’union d’un autre couple. Si Véronique est bien née le 29 mai 1812, elle serait décédée à 28 ans, tel qu’il est mentionné dans son acte de décès.

Il y a là matière à réflexion.