52 ancêtres en 52 semaines : #18 Octave Tourville (1826-1902)

Après tant d’années consacrées à la recherche des descendants de Mathieu Hubou, je suis souvent tombée sur des gens qui se distinguaient des autres. Octave Tourville en est l’exemple parfait.

J’ai toujours été particulièrement intéressée par cette branche de la famille. Tout d’abord, parce que le père d’Octave, Étienne Tourville, était mon arrière-arrière-arrière-grand-oncle et que, de plus, j’avais déjà perdu toute trace de sa famille avant même l’époque d’Internet. Ensuite, Octave Tourville n’était pas journalier, cordonnier, charpentier ni même scieur de long comme ses cousins. Il était imprimeur. Vous savez ce que cela veut dire n’est-ce-pas?

Oui, il savait lire et écrire.

M930.50.8.561

Gravure ~ Catalogue illustration of a mechanical printing press ~ John Henry Walker (1831-1899) 1850-1885, 19th century Ink on paper on supporting paper – Wood engraving, 7 x 6.6 cm. Gift of Mr. David Ross ~ McCord M930.50.8.561 © McCord Museum

Étienne, le père d’Octave, était charpentier. Le 19 septembre 1825, à Lachenaie, il épousait Sophie Paquet (ou Paquette), qui a donné naissance à six enfants.

Baptisé Joseph-Octave, notre imprimeur (il était l’aîné de sa fratrie), est né le 25 août 1826, également à Lachenaie. Cependant, après le baptême des trois premiers enfants, la famille disparaît de Lachenaie; c’est grâce au recensement canadien de 1831 pour Saint-Eustache (ayant été, il y a quelques années, indexé et mis en ligne), si j’ai finalement réussi à les retrouver (ainsi que les baptêmes des trois derniers enfants), dans la paroisse de Saint-Eustache.

Il y avait si peu de Tourville qui habitaient à Montréal à cette époque que j’ai pu établir dès le début qu’Étienne Tourville y était décédé en 1843 à l’âge de 45 ans, et ce, même si j’ignorais toujours où s’était établie la famille entre le moment de son départ de Lachenaie et celui de son arrivée à Montréal. Lorsque son père décède, Octave n’a que seize ans et tous ses frères et soeurs sont toujours en vie, fait plutôt rare pour l’époque.

En juin 1844, Sophie Paquette s’est présentée devant la Cour de circuit de Montréal pour y déposer une requête visant à la faire nommer tutrice de ses enfants mineurs. Étaient présents Charles Tourville, cousin, menuisier; Michel Tourville, cousin, charpentier; Prospère Tourville, cousin, charpentier; Nicolas Hérié, menuisier; Augustin Fortier, imprimeur; Charles Labelle, menuisier; Joseph Desrosiers, marchand; tous étaient des parents de Sophie Paquette, à l’exception des quatre derniers qui étaient des amis de ses enfants mineurs. Tous ont recommandé la nomination de Sophie en qualité de tutrice.

Avez-vous remarqué qu’il y avait déjà un imprimeur parmi l’entourage d’Octave? Comme il était âgé de 17 ans à ce moment-là, je me demande s’il ne travaillait pas comme apprenti imprimeur pour Augustin Fortier.

Des recherches plus poussées m’ont permis de dénicher un contrat de travail auquel était partie Octave Tourville, daté du 29 avril 1854 et passé devant le notaire public François-Joseph Durand. Octave avait alors 27 ans et était marié à Adèle Pépin depuis 1850.

Octave's and Adèle's signature on their marriage record, Notre-Dame, Montréal, February 12, 1850

Signatures d’Octave et d’Adèle sur le registre de mariage de l’église Notre-Dame, Montréal, le 12 février 1850

Ce contrat mentionne qu’Octave travaillait pour Pierre Gendron de 7 h à 18 h, six jours par semaine. Son salaire hebdomadaire était de 1 livre et 10 chelins. S’il devait faire du temps supplémentaire, il était payé 10 deniers l’heure.

De temps à autre, je parcours l’index des notaires publics de Montréal sur le site de la BANQ. Un travail de moine! Jusqu’à maintenant je n’y ai pas trouvé d’autres contrats concernant Octave mais je suis certaine qu’il en existe d’autres.

Il y a environ 15 ans, alors que je travaillais sur la branche des Tourville ayant quitté pour le Massachusetts, j’ai été très surprise de découvrir qu’Octave Tourville était décédé à Haverhill en 1902. Je n’avais aucune raison de croire qu’il puisse s’y trouver ou encore moins y demeurer car j’avais lu dans le recensement canadien de 1901 qu’Adèle et lui habitaient la même maison que leur plus jeune fils! Ensuite, j’en ai tout simplement déduit qu’il était sans doute allé à Haverhill pour un emploi. Je n’avais jamais imaginé que nombre de ses enfants s’y étaient installés en même temps que lui plusieurs années auparavant. En fait, il était peut-être à Montréal en 1901 pour un emploi ou tout simplement en visite chez son fils? Octave et Adèle n’étant pas énumérés dans le recensement canadien de 1891 et, bien sûr, le recensement américain de 1890 ayant été perdu, la date exacte de leur émigration vers les États-Unis n’est pas connue. C’est donc grâce à Family Search si j’ai été mise sur cette piste et que j’ai deviné qu’Octave et Adèle vivaient à Haverhill.

Adèle a donné naissance à sept enfants. Deux garçons sont morts en bas âge à Montréal, et bien que ses trois filles se soient toutes mariées en cette ville (Olivine avec Charles Dubois; Rose Délima avec Jacob Cérat; et Eugénie avec Edmond-Xavier Guyot), tous par la suite seront allés vivre à Haverhill jusqu’à la fin de leurs jours. Quant à son fils François-Xavier, rien ne laisse croire qu’il n’ait jamais été marié et j’ai malheureusement perdu sa trace après le recensement canadien de 1881. Le plus jeune, Gustave, s’est marié avec Exilda Gougeon en 1894 à Montréal, et y est probablement toujours demeuré jusqu’à son décès en 1952.

Octave Tourville est décédé d’une crise cardiaque à son domicile à Haverhill le 10 juillet 1902. Quant à Adèle, elle est décédée un peu moins de quinze ans plus tard, le 17 décembre 1915. Tous deux sont inhumés à Haverhill; Octave repose au cimetière de St. James, Adèle, à celui de St. Joseph.

Octave Tourville

Mort subitement à son domicile ~~~ Octave Tourville, un résident bien connu du Ward 4, est décédé subitement hier à son domicile du 205 Water Street; on attribue la cause de la mort à une défaillance cardiaque. Le défunt était né au Canada et exerçait le métier d’imprimeur. Il était apparemment en parfaite santé hier après-midi vers 15 heures alors qu’il a été aperçu pendant qu’il s’affairait à fendre du bois dans sa cour. Une fois son travail terminé, il est entré dans la maison où il rendit l’âme environ une demi-heure plus tard. C’est le docteur Geo. E. Allen à qui on a fait appel qui a rapporté qu’une défaillance cardiaque était à l’origine du décès. Le défunt était âgé de 76 ans et 11 mois. Les funérailles se tiendront demain matin à 8 h 30 à l’église St. Joseph et l’inhumation aura lieu au cimetière St. James. ~~~ Haverhill Evening Gazette, le vendredi 11 juillet 1902

Octave Tourville funeral

Proches parents et amis de feu Octave Tourville se sont réunis à l’église St. Joseph à 9 h ce matin afin de lui rendre un dernier hommage. C’est parmi les nombreuses gerbes de fleurs reçues pour l’occasion que le révérend Fr. Audifret a célébré le service. Les porteurs étaient Jacob Cerat, Eugene Guyot, Edmond Guyot et Charles Dubois. L’inhumation a eu lieu au cimetière St. James. ~~~ Haverhill Evening Gazette, le samedi 12 juillet 1902

Adele Tourville

TOURVILLE – En cette ville, le 17 décembre, au 181 Water Street, Adelle Tourville, âgée de 88 ans, 7 mois et 9 jours. Les funérailles sont prévues pour lundi à l’église St. Joseph. ~~~ Haverhill Evening Gazette, le samedi 18 décembre 1915

Adele Tourville funeral

Portée en terre par ses six petit-fils ~~~ Les funérailles d’Adelle Tourville ont eu lieu ce matin à l’église St. Joseph, suivies par l’inhumation au cimetière St. Joseph. Plusieurs parents et amis ont assisté au service célébré par le révérend Fr. J. B. Ollier. La dame, décédée au 181 Water Street, à l’âge de 88 ans, 7 mois et 9 jours, a été portée en terre par ses six petit-fils, Arthur Cerat, Charles Dubois, et Albert, Romeo, Louis et Eugene Guyot. ~~~ Haverhill Evening Gazette, le lundi 20 décembre 1915


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