52 ancêtres en 52 semaines : #6 Évélina Bissonnette (née Tourville) (1879-1956)

Évélina Tourville Bissonnette (1879-1956)

Évélina Tourville Bissonnette (1879-1956) – Collection de Sarah Di Lallo

Dans un article publié récemment, je relatais la mort de la mère d’Évélina survenue de façon tragique au cours du printemps 1880. J’aimerais maintenant vous raconter l’histoire de l’enfance d’Évélina, le bébé mentionné dans l’article de journal.

Évélina est née le 31 août 1879 du mariage de Moïse Tourville et de Malvina Hogue, dans le village de St-Henri, district de Montréal. Elle a été baptisée le jour suivant, ses parrain et marraine étant son oncle Néré Leclaire et sa tante Évélina Tourville.

Au moment de sa naissance, son père, Moïse, était commis. Comme vous le savez peut-être, Moïse a perdu sa femme neuf mois après la naissance d’Évélina. On pourrait s’attendre à retrouver Moïse et sa fille dans le recensement de 1881, mais ce n’est pas le cas. À cette époque, il n’est pas rare qu’un jeune veuf, père d’un bébé, se remarie rapidement ou encore laisse l’enfant à un membre de sa famille. Ainsi, en 1881, Moïse est retourné dans la maison paternelle, mais Évélina semble s’être volatilisée. Elle est introuvable autant en 1881 qu’en 1891.

Évélina Tourville et Albert Bissonnette

Évélina Tourville et Albert Bissonnette – Collection de Sarah Di Lallo

Il faut attendre le 19 avril 1898, date de son mariage avec Albert Bissonnette à l’église St-Henri, pour la retracer. Où est-elle passée entre 1880 et 1898? Heureusement, j’ai déniché deux documents qui nous en apprennent un peu plus sur l’enfance d’Évélina.

En septembre 1894, Néré Leclaire, le parrain d’Évélina, se présente devant un magistrat parce qu’il juge nécessaire que soient nommés un tuteur et un subrogé tuteur pour Évélina, alors âgée de 14 ans. Il mentionne avoir toujours pris soin d’elle depuis qu’elle était bébé et qu’il l’a élevée comme sa propre fille.

Sans doute, vous demandez-vous pourquoi Néré a-t-il attendu toutes ces années pour demander la tutelle d’Évélina. Eh! bien, voici : la mère de Malvina Hogue est décédée ab intestat et sa fille, Évélina, hérite donc de sa grand-mère et devient ainsi propriétaire du quart de sa maison.

Dans sa demande de tutelle, on apprend que Moïse est absent de la province de Québec depuis plus ou moins 10 ans et qu’il n’est revenu à St-Henri qu’une seule fois quatre ou cinq ans plus tôt. Grâce à un acte de vente passé entre Moïse Tourville et son père, Honoré, devant le notaire Faure en avril 1883, on sait que Moïse réside temporairement à Pullman City, en Illinois. On sait aussi que Moïse a épousé sa seconde femme, Azilda Labelle, en décembre 1884, à Chicago, et qu’il y est demeuré au moins jusqu’en 1900 comme en atteste le recensement américain de cette même année. Bien que Moïse ait obtenu la citoyenneté américaine en 1893, il revient au Canada avant 1907.

On peut présumer, d’après l’acte de tutelle, que Moïse a confié sa fille à sa soeur avant d’aller s’installer en Illinois. Mais, si c’est le cas, pourquoi n’est-il pas fait mention de Néré Leclaire, d’Évélina Tourville Leclaire et de leur nièce dans les recensements canadiens de 1881 et 1891? Si le recensement américain de 1890 n’avait pas été perdu, peut-être aurions-nous trouvé la réponse à cette question.

Mme Sara Di Lallo m’a confié que son arrière-grand-mère Évélina avait été élevée par un membre de sa famille à Chicago. J’avais tout d’abord cru le contraire, que Moïse avait quitté pour Chicago, et qu’Évélina, elle, était demeurée à St-Henri avec un membre de sa famille. Mais, comme je n’ai aucune preuve de cela, les deux hypothèses demeurent plausibles. Peut-être Néré Leclaire est-il lui aussi allé à Chicago et qu’il est revenu avec sa femme et sa nièce avant 1894? On sait que Néré Leclaire était épicier à St-Henri en septembre 1894, et qu’Évélina s’est mariée à St-Henri en 1898. J’ai également vérifié le Lovell Directory de Montréal, et le nom de Néré y apparaît jusqu’au mariage d’Évélina. Malheureusement, avant 1894, le village de St-Henri ne semble pas être inclus dans le Lovell (pas de chance!).

Par ailleurs, une autre chose qui me laisse perplexe est que Moïse est présent au mariage d’Évélina, mais affirme ne pas savoir signer. Comment se fait-il alors que je retrouve sa signature sur d’autres documents? Était-il vraiment présent au mariage?

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[Mise à jour] De gauche à droite, les filles d’Évélina et d’Albert Bissonnette : Marguerite, Aline, Pauline, Madeleine, Yolande, Cécile, Agnès, Henriette. – Collection de Sarah Di Lallo

Évélina Tourville et Albert Bissonnette ont eu huit filles, Marguerite, Cécile, Agnès, Aline, Pauline, Henriette, Madeleine et Yolande. Aline est décédée l’an dernier à l’âge de 109 ans! Elle occupe le premier rang dans les statistiques de mon site Web comme étant la personne ayant vécu le plus longtemps.

Évélina est décédée le 17 avril 1956 à Montréal, à peine un an avant Albert qui est décédé le 26 juin 1957, et tous les deux ont été inhumés au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.

Quant à Évélina Tourville Leclaire, elle est décédée en 1910, et, fait plutôt étrange, elle a été inhumée dans l’église de St-Henri. J’irai à la BANQ consulter les journaux et voir si je ne pourrais pas y trouver un avis de décès la concernant.

Et enfin, environ un an plus tard, Néré allait s’établir en Ontario où il a épousé leur ancienne servante, Clara Deschamps, une Ontarienne qui vivait avec le couple en 1900. Néré y est décédé en 1915 dans le comté de Glengarry.

Travaux de couture réalisés par Évélina à l'âge de 10 ans

Travaux de couture réalisés par Évélina à l’âge de 10 ans – Collection de Sarah Di Lallo

52ancestors-2015Merci à Sarah Di Lallo pour les photos!

52 ancêtres en 52 semaines : #3 Malvina Tourville (née Hogue) (1859-1880)

En novembre dernier, lors de mon voyage à Salt Lake City, j’ai trouvé un article dans le Daily Arkansas Gazette daté du 9 mai 1880 qui relatait une manchette datée du 30 avril précédent en provenance de Montréal. Une femme serait morte de peur en voyant passer devant chez elle deux hommes gravement brûlés sur leur lieu de travail, les frères Couvrette. On donnait le nom de « Mrs. Tourville » sans autre renseignement.

La seule personne dans ma base de données qui est décédée en 1880 et qui vivait à Montréal à cette époque était Malvina Hogue, épouse de Moïse Tourville, mais je l’ai écartée d’emblée puisqu’elle était décédée le 19 avril. Je décide donc d’aller sur le site de la BANQ pour vérifier si le journal La Minerve en ferait mention. Comme la manchette était datée du 30 avril, j’ai parcouru le journal au complet. Rien. L’édition du 1er mai peut-être? Oui! Il s’agissait bien de Malvina Hogue, le journal La Minerve donnant beaucoup plus de détails sur les circonstances de son décès que celui de l’Arkansas. Le 19 avril? Eh! bien c’était une erreur de transcription de ma part. J’ai vérifié le registre de Notre-Dame de Montréal et c’est bien le 29! C’est maintenant corrigé dans la base de données.

Voici les deux articles en question :

Daily Arkansas Gazette

Provenance : Daily Arkansas Gazette, 9 mai 1880, page 1

La Minerve 01051880 malvina hogue tourville

Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, La Minerve, 1er mai 1880, page 1

Malvina Hogue est née le 16 juin 1859 à Montréal (Hochelaga). Elle était la fille de Pierre Hogue et de Josephte Boyer. Malvina a épousé Moïse Tourville le 22 octobre 1878 à St-Henri. Elle a eu une fille prénommée Évélina née le 31 août 1879 à St-Henri. Il s’agit de l’enfant mentionné dans le texte.

Cet article est vraiment tombé à point! Je travaille sur la famille de Moïse Tourville et sur celle de sa deuxième épouse, Azilda Labelle, qu’il a épousé à Chicago en 1884. Cet homme a eu un parcours fascinant. Lui et sa famille feront l’objet d’un prochain article.

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