DERNIÈRE HEURE: François Courville (1829-1902) accusé de coups et blessures

J’étais récemment à BAnQ-Vieux Montréal où, après avoir visionné quantité de microfilms, j’ai décidé que je méritais une pause. Quoi de mieux pour se détendre, que de feuilleter le premier registre de la prison de Saint-Hyacinthe? À noter, le premier volume date de 1863; avant cette date, les prisonniers étaient plutôt détenus à Montréal.

Voilà que j’y lis le nom d’un certain François Courville. L’homme, accusé de coups et blessures, est emprisonné le 18 août 1865 et a été libéré dix jours plus tard, le 28 du même mois. Comme il n’y a pas eu de procès — il a été incarcéré sur les ordres d’un juge de paix — et que la documentation pertinente antérieure à 1870 n’a pas survécu, je n’ai réussi à rassembler que très peu d’information sur cette affaire qui, néanmoins, s’est avérée plutôt révélatrice.

Tout d’abord, vous vous rappelez peut-être que le fils aîné de François Hubou Tourville et de Louise Corriveau était aussi connu sous le nom de François Courville (tant dans les registres paroissiaux qu’au Massachusetts où il a immigré à la fin des années 1860 avec sa femme Éléonore Dupré et leurs enfants).

Ensuite, l’accusé était un résident de Saint-Hughes, où François a été énuméré dans le recensement canadien de 1861 et où ses enfants ont été baptisés de 1855 à 1866. J’ai vérifié le répertoire de la paroisse de Saint-Hughes et aucun autre François « Courville » n’y vivait à cette époque.

De plus, l’homme emprisonné était marié et âgé de 38 ans. François avait plutôt 36 ans, mais il était également marié. Comme il est mentionné qu’il ne savait ni lire ni écrire, on peut présumer qu’il est ici question de la même personne.

Enfin, les renseignements concernant ses habitudes morales indiquent que le détenu était une « personne sobre ». Malheureusement, pour les raisons déjà évoquées plus avant, nous n’avons aucun moyen d’identifier la victime. Même les journaux de l’époque que j’ai bien sûr pensé à consulter n’y ont pas consacré le moindre entrefilet. S’agissait-il de sa femme, de l’un de ses enfants ou est-ce qu’une dispute avec un voisin aurait dégénéré?

J’ai bien peur que cette question demeure en suspens pour de bon. Mais les faits, bien que limités, nous permettent cependant d’affirmer que François Courville était en prison durant l’été de 1865, à peine deux ou trois ans avant de quitter Saint-Hughes pour le Massachusetts.