Les Dossiers Bangle: #28 | Un écart de vingt ans

Vous n’avez sûrement pas oublié John Bangle et Louise Couvillon. La dernière fois que nous avons eu de leurs nouvelles, ils purgeaient tous deux leur peine dans une prison de Montréal au cours du mois d’octobre 1820. Si vous êtes comme moi, vous vous torturez les méninges à essayer de deviner ce qui leur est arrivé.

Eh! bien, j’ai découvert une nouvelle pièce du puzzle à propos de nos deux tourtereaux. Nombre d’entre vous sont sans doute déjà au fait de l’existence d’un acte d’inhumation concernant une certaine Julie Lacroix, veuve de John Bingle, répertorié en date du 25 janvier 1847 au registre catholique de l’hôpital général de Montréal (tenu par les Soeurs Grises). Le décès s’était produit deux jours avant.

Alors, qui est donc cette Julie Lacroix? Et d’ailleurs, qu’est-ce qui motive ma curiosité à son sujet? Sachez que Lacroix est le surnom du patronyme Couvillon (ou Quevillon). S’agirait-il de notre Louise? Et ce John Bingle, est-ce le nôtre?

Plus tôt cet été, je lisais un article sur Internet dont l’une des sources faisait référence à ASGM. Après avoir fouillé un peu, j’ai finalement réalisé qu’il s’agissait des Archives des Soeurs Grises de Montréal. Spontanément, le nom de Julie Lacroix m’est revenu en tête. Comme c’est intéressant! Est-ce que le registre des patients pourrait avoir été conservé jusqu’à nos jours? Je leur ai passé un coup de fil et la réponse a été positive!

Julie Lacroix avait été admise le 25 novembre 1840. L’archiviste m’a expliqué que, durant cette période, l’hôpital, outre sa vocation principale, servait également d’hospice pour les femmes errantes dont les religieuses prenaient soin jusqu’à la fin de leur vie. Elle a ajouté que le nom de Julie n’apparait pas dans les livres de comptes de l’hôpital, ce qui laisse présager que telle était sa condition, et que les frais de son séjour dans l’établissement avaient été charitablement assumés par les religieuses.

Le plus réjouissant dans tout ça est cette image que j’ai reçue, dans les jours suivants, provenant du registre d’admission et qui se lit comme suit :

25 Novembre [1840]. 646. Julie Lacroix agée de 70 ans, Veuve John Bingle de Sorel. Décédée le 23 janvier 1847

Si Julie est véritablement notre Louise, pourquoi s’est-elle retrouvée là? Nous savons que sa belle-fille Josette Bangle Fontaine était déjà décédée, tout comme Louis Bangle de Massena, N.Y —  qui était possiblement son fils. Et sa belle-fille Mary Bangle était-elle toujours dans les parages? Peut-être pas, elle dont la fille Julie Hogan vivait en Ontario. Il est fort possible que depuis la mort de John, Louise ait perdu le contact avec sa famille.

En résumé, la seule certitude que nous ayons est que Julie Lacroix est à Montréal en 1840. Y vivait-elle depuis longtemps? S’est-elle retrouvée démunie à la suite du décès de John ou plus tard? Ce dernier, pour sa part, est-il décédé en prison? Si, au contraire, il a survécu à son incarcération, sa femme et lui sont-ils restés à Montréal ou sont-ils plutôt retournés à Sorel? Je pourrais continuer comme ça jusqu’à demain matin!

Autant j’ai toutes les raisons de croire que Julie Lacroix et Louise Couvillon sont une seule et unique personne, autant je ne suis pas convaincue du tout que Julie soit la troisième épouse de John. Il est possible que je me trompe, c’est pourquoi l’enquête suit son cours.

Il subsiste encore un écart de 20 ans à combler dans la vie du couple (entre 1820 et 1840). Une chose est sûre : John Bangle n’était plus de ce monde à la fin de 1840.


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