Les Dossiers Bangle #24 : Mary Bangle et William Hogan

Ayant pu établir sans équivoque (tel que rapporté dans l’article précédent) que Mary Hogan était bien la fille de John Bangle, j’ai pensé que cela vous intéresserait peut-être de faire connaissance avec sa famille.

Nous sommes en mesure d’affirmer que Mary a été baptisée à l’Église catholique, puisqu’elle est la marraine de sa nièce Marie, née en 1807, issue du mariage de sa soeur Josette avec Joseph Fontaine.

Mary Bangle—qui est possiblement Marie-Dorothée, la plus jeune des filles de John Bangle, née à Terrebonne en 1789—a épousé William Hogan, soldat du 49e Régiment, le 7 janvier 1810 à l’église anglicane Christ Church de William Henry (Sorel).

Mariés le septième jour de janvier mille huit cent dix William Hogan un simple soldat au sein du quarante-neuvième Régiment de Sa Majesté cantonné ici et Mary Bingle célibataire de cet endroit.

Richard Bradford, recteur
Wm Hogan (signature)
La marque X de Mary Bingle
La marque X de John Bingle
La marque X de Christopher Holmes

Le premier enfant du couple n’a vécu qu’une journée. Il a été inhumé dans le cimetière catholique de Montréal. L’entrée qui suit provient des registres de la paroisse Notre-Dame :

Aujourd’hui, onze septembre mil huit cent dix, par moi, prêtre, soussigné, a été inhumé le corps d’un enfant, né, ondoyé et mort hier, fils de William Hogane, journalier, et de Marie Bangle, de cette paroisse. Ont été présents (Louis Guerrier et Louis Lemai, qui ont déclaré ne savoir signer.

[…], ptre (signature)

L’année suivante, en 1811, est née une fille, Marie Julie, baptisée à l’église catholique de Saint-Pierre-de-Sorel :

Le Trente Décembre mil huit cent onze; par moi prêtre soussigné Curé a été baptisée Marie Julie né hier du légitime mariage de William Hogan, Soldat dans le quarante-neuvième régiment de Sa Majesté, résident présentement à Sorel, et de Marie Bengel Davis. Le parrain a été François Rondeau, La marraine Marie Collenne qui n’ont su signer.

(J. Boisonnette) (signature)

Puis, beaucoup plus tard, en 1815, a été baptisé un garçon, à l’église catholique de Yamaska cette fois-ci :

L’an mil huit cent quinze, le vingt-sept de Septembre a été baptisé par moi prêtre soussigné Jean-Baptiste Davis Prime Hogan né du légitime mariage de William Hogan Soldat dans le quarante-neuvième régiment et de Marie Bingle de la paroisse de Sorel. Le parrain a été Alexis Carme Lenoblet du Plessis, Écuyer, la marraine Louise Duchenay qui ont signé avec nous le père absent.

A.C. Lenoblet du Plessis (signature)
[…], prêtre (signature)
Louise Duchenay (signature)

Il est admis qu’en novembre 1820 Mary Hogan vivait toujours, puisqu’elle a témoigné en faveur de son père lors du procès de ce dernier pour le meurtre de Michael Flynn.

Vous avez compris que quelque chose se trame, n’est-ce pas? D’ores et déjà, vous êtes au fait que la vie de cette famille était tout sauf un long fleuve tranquille!

Lisez attentivement ce qui suit :

« Cavalarie de la Garde,
6 avril 1811
Monsieur,

Ayant eu l’honneur d’exposer devant le Prince Régent, les procédures d’une Cour martiale générale siégeant à Montréal les 11 et 15 août 1810, pour le procès de William Hogan et William McCabe, simples soldats au sein du 49e Régiment, qui ont été accusés aux termes de la charge mentionnée ci-dessous, nommément.

« Ayant déserté le détachement du Régiment à William Henry, le ou vers le 14 juillet dernier. »

Au motif de ladite charge, la Cour en est arrivée à la décision suivante :

Général Sir James H. Craig K.B.
en sa qualité d’officier mandaté en
Amérique du Nord Britannique

« La Cour juge les prisonniers, William Hogan et William McCabe, coupables, selon leurs propres aveux, du crime dont ils sont accusés, lequel contrevient aux articles de guerre, […], les condamne conséquemment à être déportés en tant que criminels pour une période de sept ans et, au terme de laquelle, à demeurer à la disposition de Sa Majesté pour servir en tant que soldats à perpétuité au sein de quelque régiment ou armée que Sa Majesté estimera convenable. »

« La Cour, en consideration du casier judiciaire vierge du prisonnier William McCabe, demande humblement l’autorisation de recommander la clémence à son endroit. »

Je vous informe que le Prince Régent, au nom et pour le compte de Sa Majesté, était satisfait de confirmer le verdict et la peine de la Cour; mais, vu les circonstances entourant l’affaire, Son Altesse Royale était encore plus heureux de remettre la sentence de déportation à l’encontre de chacun des prisonniers.

Son Altesse Royale a également eu le plaisir d’ordonner que les prisonniers, William Hogan et William McCabe, soient transférés au sein des West India Rangers.

Vous prendrez donc les mesures appropriées pour le transport des prisonniers aux Îles-sous-le-Vent britanniques.

J’ai l’honneur d’être
Monsieur,
votre serviteur le plus
obéissant et le plus humble

David Dundas »


Eh! bien…

Je n’ai aucune idée de ce qu’il est advenu de Jean-Baptiste, mais grâce au recensement canadien de 1851, nous savons qu’à cette époque Marie Julie ou Julia vivait à Caledonia (faisant désormais partie de la municipalité La Nation), dans le comté de Prescott, en Ontario, en compagnie de son mari William Eaton, un natif de l’État du Maine, aux États-Unis, et de leurs enfants.

Divers recensements et certificats de décès des enfants indiquent Caledonia comme lieu de naissance de chacun d’entre eux; ce qui tendrait à confirmer la présence de Julia et de son mari à cet endroit au début des années 1830. Lorsque je suis allée aux Archives de l’Ontario l’automne dernier, j’ai pu constater que William Eaton y vivait—ou du moins, y détenait-il déjà une terre—avant son mariage.

J’ai ainsi longtemps supposé que si Julia avait rencontré William Eaton à Caledonia, c’était parce que William et Mary Hogan étaient allés s’y installer—ou aux alentours. Cette théorie ne tient plus tellement la route, puisque je n’ai pas pu trouver William ou Mary dans les registres religieux des régions environnantes.

De plus, si William Hogan n’est jamais retourné à Sorel ni même au Canada après sa déportation en 1811, Jean-Baptiste ne pouvait pas être son fils. Le baptême aurait-il été célébré dans une autre paroisse pour passer sous silence le fait que le père légitime n’était plus dans les parages depuis des années?

Et nous savons que Mary Hogan vivait toujours à Sorel en 1820 et qu’apparemment, elle ne s’était pas remariée.

Je suis vraiment curieuse d’apprendre ce qui est arrivé à William Hogan. La réponse se trouve aux Archives nationales du Royaume-Uni, à Kew. C’est un pensez-y bien…

William Bangle sera notre prochaine tête d’affiche!

24 février 1789Date de naissance possible de Mary
1807Mary est la marraine de sa nièce Marie à Sorel.
7 janvier 1810Marriage de Mary à William Hogan
14 juillet 1810William Hogan déserte son Régiment.
Août 1810Procès de William Hogan en cour martiale.
Septembre 1810Naissance et décès de leur premier né. William est dit journalier de Montréal.
6 avril 1811William est condamné à être transféré aux West India Rangers aux Îles-sous-le-Vent.
13 décembre 1811Naissance de Marie Julie Hogan à Sorel.
Septembre 1815Naissance de Jean-Baptiste Hogan. Le père est absent au baptême.
Automne 1820Mary Hogan est à Sorel, vit avec son père et agit comme témoin au procès de son père à Montréal.
Début des années 1830Selon le recensement canadien de 1851, Marie Julie Hogan est marié à William Eaton, un natif du Maine aux États-Unis, depuis le début des années 1830. Tous leurs enfants sont nés à Caledonia.
1902Décès de Julia Hogan Eaton dans le comté de Prescott, en Ontario

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