Les Dossiers Bangle #21 : L’interrogatoire de John Bangle et les dépositions des témoins dans l’affaire du meurtre du soldat Michael Flynn

Vous rappelez-vous mon large sourire sur la photo prise aux Archives, il y a quelques semaines? Après l’enquête du coroner, l’un des juges de paix de William Henry a interrogé John Bangle et quelques témoins qui se trouvaient dans la maison de John. Deux d’entre eux étaient militaires au sein du 37e Régiment et le troisième était une dame nommée Katherine Wagner, résidente de Chambly. J’avoue que pour quelques instants, mon imagination s’est emballée, mais j’ai découvert depuis que Katherine Wagner (nom de fille inconnue), de la paroisse de Chambly, avait été inhumée dans le cimetière catholique de Montréal à l’âge vénérable de 82 ans, le 6 novembre 1820. Nous pouvons donc présumer qu’il s’agit de la même personne.


Interrogatoire de John Bingle
Accusé du meurtre prémédité de Mich. Flynn du 37e Régiment, 6 septembre 1820

District de Montréal

L’interrogatoire de John Bingle du bourg de William Henry, accusé devant moi Christopher Carter, écuyer, l’un des juges de paix dudit district, du meurtre prémédité de feu Michael Flynn, soldat du 37e Régiment de sa Majesté, par suite du verdict du jury du coroner. Ledit John Bingle déclare que le sergent Shortland du 37e régiment, accompagné de deux autres soldats, est venu et a frappé à la porte de son logement dans ledit bourg de William Henry dudit district dans la soirée du 5 du présent mois. Sa fille Mary leur a répondu qu’ils avaient fermé et qu’ils ne pouvaient donc pas les laisser entrer. John Bingle est alors allé se coucher et sa fille Mary leur a alors permis d’entrer et les deux soldats sont entrés avec ledit sergent, l’un d’entre eux étant le défunt Flynn qui était quelque peu en état d’ébriété. Peu de temps après, ledit Flynn est sorti de la maison, mais est revenu aussitôt et a arraché la porte extérieure de la maison et a tenté de forcer la porte intérieure. N’y réussissant, il a fait le tour de la maison et a forcé la fenêtre d’une pièce extérieure. Ledit John Bingle a déclaré qu’il avait menacé Flynn de lui tirer dessus  s’il s’entêtait à vouloir entrer dans la pièce où il se trouvait, et comme ledit Flynn a insisté, ledit John Bingle a déclaré lui avoir tiré dessus avec un mousquet chargé de balles et de poudre, que ledit Flynn s’est alors assis sur une chaise et ledit John Bingle a vu du sang s’écouler d’une blessure sur le corps dudit Flynn. Ledit Bingle a alors quitté la maison et est allé informer la sentinelle du bureau du commissaire, ledit John Bingle déclare que ledit Flynn n’est pas mort avant environ une heure après qu’il lui ait tiré dessus et ledit Bingle n’a plus rien à déclarer.

John Bingle (sa marque)

Fait devant moi ce 6e jour de septembre 1820

Christr. Carter J.P. (signature)


Déposition de Nath. Craig 37e Régiment faite le 6e jour de septembre 1820

District de Montréal

A comparu personnellement devant moi Christopher Carter, écuyer, l’un des juges de paix de Sa Majesté dudit district, Nathaniel Craig, soldat du 37e Régiment d’infanterie de sa Majesté, qui dûment assermenté sur les Saints Évangiles, déposant et déclarant que dans la soirée du 5 septembre dernier, entre 11 heures et minuit, il se trouvait dans une chambre à l’étage supérieur de la maison de John Bingle, du bourg de William Henry dudit district, lorsqu’il a entendu un violent vacarme provenant de l’étage du dessous. Il a descendu les escaliers et, ce faisant, il a vu John Bingle pointer un mousquet et tirer sur quelqu’un qui se trouvait dans une autre pièce. Il a alors entendu un homme hurler, voix qu’il a reconnue comme étant celle du défunt Michael Flynn, soldat du 37e Régiment. Ledit déposant a alors quitté la maison dudit John Bingle par la fenêtre, accompagné du sergent Shortland dudit Régiment et ils sont tous deux retournés à leur caserne. Le déposant n’a plus rien à déclarer.

Nathaniel Craig (sa marque)

Déclaration faite sous serment devant moi ce 6e jour de septembre 1820

Chrisr Carter J.P. (signature)


Déposition du sergent John Shortland 37e Régiment, faite ce 6e jour de septembre 1820

District de Montréal

A comparu devant moi Christopher Carter, écuyer, l’un des juges de paix de Sa Majesté dudit district, John Shortland, sergent du 37e Régiment d’infanterie de sa Majesté, de la garnison dudit William Henry dans ledit district, qui dûment assermenté sur les Saints Évangiles, déposant et déclarant que dans la soirée du 5 septembre dernier, il se trouvait dans une chambre à l’étage supérieur de la maison de John Bingle, du bourg de William Henry, lorsqu’il a entendu un violent vacarme provenant de l’étage du dessous, il a mis un pied sur l’échelle et, ce faisant, il a entendu John Bingle crier à un homme dont il a reconnu la voix comme étant celle du défunt Michael Flynn, soldat dudit 37e Régiment, de ne pas entrer dans la pièce sinon il allait lui tirer dessus. Avant que le déposant ne puisse descendre, il a vu ledit John Bingle lui tirer dessus avec le mousquet qu’il avait à la main. Il a alors entendu un homme dont il a reconnu la voix comme étant celle du défunt Michael Flynn hurler : tu m’as eu ou quelque chose de ce genre. Ledit déposant a alors quitté la maison dudit John Bingle par la fenêtre et n’est pas allé dans la pièce où se trouvait Michael Flynn. Ledit déposant n’a plus rien à déclarer.

Jn Shortland (sa signature)

Déclaration faite sous serment devant moi ce 6e jour de septembre 1820

Christr Carter J.P. (signature)


Déposition de Katherine Wagner faite le 8e jour de septembre 1820

Katherine Wagner chez Mr Billet (?) à Chambly

District de Montréal

A comparu personnellement devant moi Christopher Carter, écuyer, l’un des juges de paix de Sa Majesté pour ledit district, Katherine Wagner, de Chambly, dudit district dûment assermentée sur les Saints Évangiles, déposant et déclarant qu’elle était au lit dans la maison de John Bingle dans la soirée du cinq septembre dernier, entre 9 heures et 10 heures, lorsque se sont présentés plusieurs hommes à la maison et qu’ils ont frappé à la porte, demandant à entrer et après une altercation, on leur a ouvert la porte et quatre hommes sont entrés, la déposante ayant depuis identifié l’un d’entre eux comme étant l’homme qui a été assassiné, qui lui semblait être en état d’ébriété et qui était très bruyant. Cet homme est parti et est revenu un peu plus tard et a tenté d’entrer par la porte d’entrée. Il a ensuite fait le tour de la maison et est entré par la fenêtre d’une pièce extérieure. John Bingle était assis sur une chaise dans la pièce où la déposante était couchée et ne souhaitait(?) pas que cet homme entre dans la pièce. Elle a alors entendu un homme que les gens de la maison appelaient sergent, qui se trouvait derrière la porte de la chambre crier à John Bingle : Tire-lui dessus s’il continue de faire du chahut. La déposante ne se souvient pas avoir vu d’autres soldats dans la pièce à ce moment-là sauf celui que les gens de la maison appelaient sergent. La déposante n’a pas identifié le sergent Shortland du 37e Régiment comme étant celui qui a crié à John Bingle de tirer sur l’homme. Lorsque ledit sergent a crié à John Bingle de tirer sur l’homme, ledit John Bingle a fait feu avec le mousquet qu’il tenait à la main, et l’homme dans la pièce extérieure s’est effondré et en quelques minutes, ladite déposante a bondi hors du lit et est entrée dans la pièce et a pris l’homme par la main et a constaté qu’il était mort. La déposante n’a plus rien à déclarer.

Katherine Wagner (sa marque)

Déclaration faite sous serment devant moi ce 8e jour de septembre 1820

Christr Carter J.P. (signature)


Ne seriez-vous pas curieux de voir les plans de cette maison s’ils existaient?! Croyez-vous que John tenait une auberge ou quelque chose du genre?

Eh bien, vous ai-je convaincu de vous rendre aux Archives plutôt que de vous fier uniquement à Internet pour vos recherches généalogiques?

Le procès aura lieu deux mois plus tard, soit en novembre 1820. Non, non, non, je ne vous dirai rien à ce propos, puisque, aussi suprenant que cela puisse paraître, un événement s’est produit en octobre avant la tenue du procès. Quelques feuilles de papier qui m’ont conduite vers cette affaire de meurtre.

J’espère vous retrouver sur ce blogue dans deux semaines!


Note : Comme Diane s’est malheureusement fracturé l’épaule droite, Cet article et quelques autres à venir avaient déjà été rédigés et sont donc publiés selon le calendrier initial par sa fidèle assistante. Dès que sa convalescence sera terminée, Diane sera de retour sur ce blogue. Merci de votre compréhension.


Pour parcourir les articles connexes portant sur Les Dossiers Bangle, veuillez consulter la page d’introduction