Les premiers arrivants en provenance du Mesnil-Durand, Calvados, France

Nous avons identifié cinq personnes en Nouvelle-France qui ont émigré du Mesnil-Durand au cours du XVIIe siècle, soit Guillaume Hubou (vers 1627), Barbe Hubou (1639), Mathieu Hubou (1641), Nicolas Goupil (1642) et Françoise Hubou (1662). Voici l’histoire de Barbe Hubou.

J’ai déjà écrit un article ici à propos de Guillaume Hubou, le frère de Barbe. Grâce à la riche collection de transcription de contrats notariés de la Société généalogique canadienne-française (SGCF), rue Davidson, à Montréal (consultable sur place), j’ai pu tirer profit du travail de l’historien Marcel Trudel qui a fait don de 9 000 actes dont plusieurs ont été paléographiés. Il faut l’avouer, la transcription d’un acte du XVIIe siècle demande patience, rigueur et… temps!

Des enfants connus de Jean Hubou et Jeanne Goupil, seuls Guillaume et Barbe sont venus en Nouvelle-France; leurs petits-enfants Mathieu et Françoise ont suivi plus tard.

Nous sommes à Québec, donc, le 11 novembre 1642. Guillaume Hubou et son épouse, Marie Rollet, promettent par contrat passé devant notaire de faire don à Jean Millouer et Barbe Hubou d’une terre labourée et ensemencée d’une superficie de deux arpents, d’une vache et d’une somme de quatre-vingt-dix livres par an pendant trois ans, le tout en considération d’un mariage entre Jean Millouer et Barbe Hubou au terme de leurs contrats d’engagement respectifs de trois ans chez Guillaume.

Le mariage de Jean et de Barbe est célébré huit jours plus tard à Québec, soit le 19 novembre.

Le lendemain, dans la demeure de Guillaume Hubou et de Marie Rollet, sont également réunis Jean Millouer, Barbe Hubou ainsi que Martial Piraube, commis au greffe et tabellionnage à Québec, en Nouvelle-France. Compte tenu du mariage « faict et accomply », Guillaume et Marie feront don d’une terre labourée et ensemencée d’une superficie de deux arpents (à un lieu qui sera déterminé par Guillaume Hubou), d’une vache et d’une truie « d’huy en trois ans ».

Fait intéressant : l’acte stipule que si Jean Millouer disparaît avant sa femme, elle pourra jouir des biens reçus toute sa vie durant, et qu’après son décès, ceux-ci seront légués aux héritiers « du costé et ligne » de son mari. Or, si Barbe décède la première, Jean pourra jouir des biens reçus toute sa vie durant, mais après son décès, les biens reviendront plutôt aux héritiers « du costé et ligne » des donateurs.

Guillaume et Marie baillent un arpent de terre pour l’automne suivant au couple, en se réservant par ailleurs le droit d’inclure celui-ci dans les deux arpents déjà promis. De plus, Barbe et Jean s’engagent à demeurer au service de Guillaume et de Marie au cours des trois prochaines années, période durant laquelle leurs gages totaliseront 490 livres par an.

Jean Millouer et Barbe Hubou semblent avoir eux aussi révisé leurs exigences au lendemain du mariage. Ils ont quitté le toit de Guillaume et de Marie et prétendent avoir droit à ce qui suit :

• cinq barils de blé pour l’année précédente sur le premier des deux arpents qui leur seront donnés;
• 384 gerbes de paille provenant de la récolte de l’année précédente dudit arpent et de celle des deux arpents pour la présente année;
• une vache;
• un cochon d’une valeur de vingt livres baillé par Barbe; ladite somme de vingt livres demeurant due à monsieur Couillard en plus d’une aune et demie de toile; et
• les gages de 90 livres par an pour trois ans dus à chacun d’eux, le cochon et le blé étant déduits de ces gages.

Écritoire, Seconde habitation de Champlain, 1624-1688. Ministère de la Culture et de la Condition féminine, 151QU-985-1112.

Qu’en pense Guillaume Hubou? Heureusement pour nous, son avis a été consigné :

[…] Le Sr Hybou nest pas oblige par le traicte de Mariage passé devant Me Martialle 20e novembre 1642 entre Jean Millouer et Barbe Hybou de bailler en ce pays de La Nouvelle France les deux arpents de terre Laboured et assemenses

Led.Hybou dit quil luy a couste la somme de deux cents cinquante deux livres pour faire passer barbe hybou sa soeur en ce pays lesquels deux cents cinquante deux Livres ont esté pries de Mr Rozee Marchand a Rouen Lesquels courron en Intherests a raison de saize Livres pour cent.

Plus led Hybou a payé au pillotte Lucas La somme de quarante Livres pour rafraichissement pris par la dite Barbe Hybou avant que sembarquer

Pour La vache je accorde Luy en baille pas

Pour les gages de quatre vingt dix Livres par an, je maccorde luy payer en me tenant compte de vingt huict escus que jay payes a la Vve LaCaille pour un habit et Manteau a Manches.

Plus dix sept escus quil a receu des Meres Ursulines, et quatre Livres en aultre part pour les cinq barils de bled je suis prest leur en tenir Compte

Pour les trois cents quatre vingt quatre gerbes de paille je ne suis point oblige a cela, estant a mes gages.

Pour le Cochon je n’en doict rien, Il a este Manger au nopces de leur Mariage

De plus Led Hybou dit que les dicts Millouer et sa femme luy ont promis par Mariage faisant quils ne quitteroient lesd. Hybou ny sa femme estant Malade car elle est, ce quils nont fait, layant quitte en sa plus grande nesescité nayant a leur consideration poursuivy pour avoir quelque hommes a sa place ce quil fait grand tort aud Hybou et a sa femme

Pour laulne et demye de thoille quils ont laisser aud Hybou Il est tout prest de leur rendre […]

Que dit-on déjà? Ne pas mêler les affaires et la famille?

Ces différents actes ont été insinués le 15 décembre 1642.

Barbe est décédée le 31 octobre 1651 sans postérité, avant Jean. Cela signifie qu’à son décès, tous ses biens ont été légués au donateur survivant, Guillaume.

Si vous désirez consulter l’index des actes notariés transcrits de la SGCF, veuillez cliquer ici. Bonnes recherches!