Dans le présent article et le suivant, j’ai pensé vous présenter quelques membres de la famille Bangle dont l’ascendance n’a pas encore été confirmée. Amorçons donc notre exposé avec Louis Bangle que j’ai « rencontré » l’été dernier aux Archives nationales d’Angleterre.
Commençons par le début.
La première trace de l’existence de Louis Bangle est répertoriée dans le Description Book du régiment Glengarry Fencibles, plus précisément dans l’entrée du 27 février 1816. Louis déclare être un journalier âgé de 18 ans résidant à Cornwall (en Ontario, au Canada) et être né à Terribone (Terrebonne), au Bas-Canada.
Le document suivant, daté du 6 octobre 1817, est un acte de mariage de la Trinity Anglican Church, à Cornwall, entre Louis Bangle, 19 ans, et Angélique Duhaut dite Jasmin, 24 ans. L’acte mentionne par ailleurs que les parents de Louis ont donné leur consentement au mariage, ce dernier étant mineur.
Si, dans les deux cas, son âge est exact, il serait né entre le 7 octobre 1797 et le 26 février 1798. Il serait alors très improbable — mais pas impossible — qu’il soit le fils de William Bangle et de Marie Tourville, leur fils André étant né en février 1797, et leur fille Madeleine, en septembre 1798. Pour les autres enfants du couple, on constate un écart d’à peu près deux ans entre chaque naissance.
Cela étant dit, seuls John Bangle et Marie-Louise Couvillon, lesquels se sont mariés le 8 février 1796, à Montréal (tous deux étaient de Terrebonne), pourraient aussi être les parents de Louis. Mais peu importe, que Louis soit le fils de William ou de John, nous avons désormais la preuve de son lieu de naissance, ce qui, à mes yeux, constitue un pas de géant dans notre —interminable! — démarche pour établir l’ascendance de Louis. Personne, à part John et William, ne portait le patronyme de Bangle à Terrebonne à cette époque.
La lecture de l’acte de mariage de Louis nous fournit un nouvel indice précieux. L’un des témoins est son oncle, Baptiste Rochon. Indice toutefois muet jusqu’ici, puisqu’aucun Rochon n’a été découvert qui serait apparenté à la famille de Marie-Louise Couvillon et à celle de Marie Tourville — ou même à celle de la première femme de John, Josephte Allaire, si cet oncle était un demi-oncle pour Louis.
Tout comme Louis, Baptiste Rochon était militaire, mais c’est au sein du régiment d’infanterie Canadian Fencibles qu’il s’enrôle, passant plus de sept ans dans l’armée.
Et si on discutait religion? Louis était-il catholique ou protestant? Car la question se pose, n’est-ce pas? Pourquoi s’est-il marié à l’église anglicane de Cornwall? En raison de l’absence de prêtre à proximité et parce qu’il y habitait? Veuillez noter que sur les six enfants du couple, quatre ont été baptisés dans la paroisse catholique de Saint-Régis. Un fait indubitable : Angélique était catholique. Quoique nous n’ayons pas relevé le nom de Louis Bangle comme parrain dans les registres catholiques, ceux-ci nous apprennent que Louis — catholique ou non — était un journalier de Massena. En effet, il est énuméré dans les recensements américains de 1820 et de 1830, à Massena, comté de St. Lawrence, dans l’État de New York.
Nous ignorons dans quel cimetière a été inhumé Louis. Cependant, grâce aux journaux en ligne, nous savons maintenant qu’il est décédé d’un empoisonnement alimentaire, dans la soirée du vendredi 1er juin 1838.
UNE PLANTE VÉNÉNEUSE—En date du 4 juin, un respecté correspondant du Racket River nous écrit ce qui suit:
« Un incident des plus consternants s’est produit en ville (Massena) durant la soirée de vendredi, le 1er courant.—La famille de M. Lewis Bangle, un très vaillant habitant de cette ville, a cueilli quantité de ce qu’elle croyait être de délicieuses racines de cerfeuil musqué, mais qui se sont avérées être une variété de cicuta ou ciguë aquatique. Au début de la soirée, M. B. et plusieurs de ses enfants ont abondamment mangé de cette plante et tous ont rapidement souffert de spasmes et éprouvé toute la gamme de symptômes gastriques associés à l’absorption d’une plante vénéneuse. M. B., après deux heures d’atroces souffrances, a rendu l’âme. Durant un certain temps, trois de ses enfants se sont retrouvés entre la vie et la mort, mais ont finalement bien répondu au traitement médical. M. B. a laissé une famille nombreuse pour pleurer sa mort prématurée.
Il y a tout juste quelques années, Mme Ward perdait la vie au même endroit et dans les mêmes circonstances. » [St. Lawrence Republican, 12 juin 1838, page 2 | Traduction : Danielle Tourville]
Nous avons relevé les actes de baptême pour les quatre premiers enfants de Louis et d’Angélique à l’église catholique de Saint-Régis, au Québec (à l’est de Massena, NY, presque en face de Cornwall, en Ontario, de l’autre côté de la rivière).
- William (Guillaume), date de naissance inconnue, baptisé le 31 janvier 1819 ;
- John (Jean-Baptiste), né le 23 décembre 1820, baptisé le 25 décembre 1820 ;
- Louis, né le 1er décembre 1822, baptisé le 25 décembre 1822 ; et
- James (Jacques), né le 26 février 1825, baptisé le 22 mai 1825.
Pour les deux plus jeunes, nous avons dû nous fier à des sources différentes :
- Sophia, née le 15 décembre 1828 (selon son acte de décès) ; et
- Mary, née le 27 septembre 1832 et décédée le 28 avril 1876, à l’âge de 43 ans, 7 mois et 1 jour (selon sa pierre tombale).
Soulignons le fait que la mère d’Angélique Duhaut dite Jasmin a été la marraine de Joseph — un enfant illégitime, né de parents inconnus et baptisé le 8 avril 1810, à l’âge de 10 jours, dans la paroisse catholique de Saint-Régis — et que le prêtre en était le parrain. L’enfant était fort probablement le fils d’Angélique puisqu’il vivait avec elle et son mari et qu’il était connu sous le nom de Joseph Bangle. Comme Louis avait 19 ans en 1817 (et 12 lorsque Joseph est né), cela réduit pratiquement à néant les chances qu’il puisse être le père biologique de Joseph.
Alors, voilà pour Louis! J’ai tellement hâte de vous entretenir des deux frères que j’aime bien pourchasser aux États-Unis.
La suite dans deux semaines!