Voyage 2017—Jour 0 | La Fille de l’aviateur

Mon père n’était pas aviateur—il était plus exactement mécanicien pour une compagnie d’aviation—mais chaque fois que je prends l’avion et que je meurs de peur au moment du décollage, je pense immanquablement à lui et je me dis : Franchement, pour la fille d’un aviateur…

J’ai rarement passé du temps seule avec mon père. Et pour être honnête, il était loin d’être bavard. Nous nous ressemblions toutefois beaucoup, que ce soit par notre curiosité intellectuelle ou par l’amour de la lecture, de l’histoire et des voyages. Cela dit, j’aurais tellement aimé faire un grand voyage avec lui.

Un souvenir d’enfance m’est revenu l’autre jour. Nous étions à Nominingue pour nos trois semaines de vacances annuelles. Cet été-là, ma mère occupait un nouvel emploi et n’avait droit à aucun congé; on allait la chercher à la gare du village les vendredis soirs et l’y reconduisions les dimanches soirs. Ces weekends étaient manifestement trop courts pour permettre à mon père de reprendre son souffle. Rapidement dépassé par cette garde partagée estivale, il a fini par perdre patience et a prié ma mère de nous ramener en ville, revendiquant un peu de paix pour la dernière semaine de ses vacances. Il faut dire que nous, les trois enfants, avions été pas mal turbulents. J’ai pleuré et supplié, je voulais rester avec lui et, encore aujourd’hui, je suis persuadée qu’il a cédé lorsque j’ai mentionné que je pourrais me charger de la vaisselle. [Là, je sens que je vais faire rire ma soeur.]

C’est donc lors d’un revirement de situation inattendu, alors que ma soeur et mon frère faisaient leur premier voyage en train en direction de Montréal, que je suis restée quelques jours de plus à Nominingue seule avec mon père. Étonnamment, peu de souvenirs subsistent de la fin de ce séjour, mais je me rappelle parfaitement du voyage de retour. Il m’avait confié sa caméra 8 mm afin que je filme les montagnes des Laurentides que ma mère aimait tant. Je me souviens que cela m’avait touchée.

Je me reconnais beaucoup dans mon père et je crois qu’il aurait grandement apprécié mes histoires de généalogie.

Tout ça pour vous dire que je suis en voyage pour une nouvelle aventure généalogique et qu’au moment où vous lirez ces lignes, j’aurai pensé à mon aviateur de père et serai arrivée à destination.

Avez-vous une idée de l’endroit où je me trouve? Bon, vous vous doutez bien que c’est une ville qui abrite un dépôt d’archives ou une bibliothèque, mais encore?

Allez, je vous laisse y réfléchir un peu et je vous retrouve demain.