Abraham Sorrell (2)—Le recensement américain de 1850 pour Ferrisburgh ne dit pas tout

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Abraham Sorrell, décédé des suites des blessures subies lors de la bataille de Wilderness durant la Guerre civile en mai 1864, s’est marié trois fois. Son dossier de guerre civile nous brosse un portrait inestimable des gens qui vivaient à Ferrisburgh en 1850 et au-delà.

Maintenant que vous avez pris connaissance du témoignage laissé par sa première femme, Eliza Sears, racontant la vie du couple, passons maintenant à celui de sa deuxième femme, Eliza Carpenter. Au moment de son témoignage, cette dernière vivait avec John Ayers, mais n’était apparemment pas mariée avec lui.

À la conclusion de cette série, je publierai une courte biographie de chaque personne concernée par cette histoire. Bonne lecture!


En ce trentième jour de septembre 1881, à Vergennes, comté d’Addison, État du Vermont, devant moi, Wm Hutchinson, agent spécial du Bureau des pensions, a comparu personnellement Eliza Ayers, qui, étant dûment assermentée par moi tel que requis par la loi, déclare qu’elle est âgée de [laissé en blanc] ans, qu’elle réside à Vergennes, comté d’Addison, État du Vermont, et qu’elle était autrefois la femme d’Abram Sorrell, défunt soldat, de la Co. B du 5e Régiment des volontaires du Vermont, avec qui elle s’était mariée à l’automne 1856; et qu’au moment de ce mariage, elle n’a jamais eu connaissance, ni reçu quelque indication que ce soit à l’effet qu’il ait pu avoir été déjà marié. Elle avait fait sa connaissance seulement quelques semaines auparavant, et la rencontre avait eu lieu essentiellement par l’entremise d’une dame amie de la déposante, la femme du frère d’Abram Sorrell, Michael. Ledit Abram habitait Ferrisburg à l’époque de leur mariage, où la déposante se rendit aussitôt pour s’installer dans la maison avec le père dudit Abram durant environ une année; puis ils ont déménagé à Charlotte, à quelques milles au nord, où ils vécurent environ 8 ou 9 mois; ils ont par la suite déménagé en périphérie d’Addison, où ils vécurent à peu près six mois; après, elle est retournée vivre à la maison à Vergennes et ils ont cassé maison; elle est ensuite allée travailler à l’extérieur. À ce point-ci, Sorrell était si instable et déménageait tellement souvent, qu’elle a dû se débrouiller toute seule. Elle ne saurait dire à quelle date elle est revenue, mais elle est certaine de n’être pas partie plus de trois ans en tout. Après cette période durant laquelle elle a travaillé à l’extérieur (ce devait être avant 1860), ledit Sorrell est parti de son côté lui aussi. Cela étant, il avait l’habitude de partir comme bon lui semblait (généralement, pas plus d’un mois à la fois; de fait, pas plus de quelques jours). Il disait qu’il allait soit chercher du travail, soit travailler; mais ce n’était jamais le cas. Il disait cela seulement dans le but de convaincre la déposante de se remettre en ménage avec lui, mais elle n’était pas intéressée, préférant de loin se débrouiller par elle-même. Cette situation s’est poursuivie durant quelques années et au moment où Sorrell s’est enrôlé dans l’armée, cela faisait plus d’un an qu’elle ne l’avait pas vu. Elle était allée travailler dans les usines de Lowell et s’y trouvait depuis plus d’un an quand il s’est enrôlé. Durant son service, il a obtenu une permission et est venu à Vergennes où la déposante vivait à ce moment-là (il est resté une semaine), la plupart du temps avec la déposante, et c’est la toute dernière fois qu’elle l’a vu.

Quelque quatre ou cinq mois après son mariage, elle a entendu dire pour la première fois que Sorrell avait déjà été marié et que son ex-femme était toujours en vie (c’était à l’époque où elle vivait chez le père d’Abram). Elle lui a immédiatement demandé des explications : il lui a raconté s’être marié alors qu’il était ivre; qu’il était allé à une danse un soir; qu’il s’est réveillé le lendemain matin avec une femme dans son lit; et qu’il est reparti chez lui pour lui échapper, lorsqu’on lui a dit qu’il était marié. Tout d’abord, il n’a pas voulu y croire, mais il a découvert qu’il avait bel et bien été amené et marié comme on le lui avait dit. Il a dit aussi qu’il était trop jeune, 15 ou 16 ans, et qu’elle était beaucoup trop vieille pour lui. Sa mère disait que la Sears était assez vieille pour être son arrière-grand-mère. Du temps où la déposante le fréquentait, Abram était incapable de supporter la présence de qui que ce soit de la famille Sears. Les familles Sorel et Sears sont françaises. Il n’a pas vécu longtemps avec la Sears, mais ils ont eu un enfant, un garçon nommé Napoleon, et elle pense que c’est le seul enfant légitime que le soldat ait laissé et il est le portrait craché d’Abram. Elle a entendu dire que la Sears avait essayé de lui en mettre un autre sur le dos, une fille, mais dit qu’il n’a vécu avec elle que quelques semaines, et que le deuxième enfant n’était pas de Sorrell. La déposante a entendu la mère d’Abram répéter la même chose à plusieurs reprises. La mère d’Abram est morte maintenant, mais le père vit toujours; quelque part à Shelburne, d’après la déposante. D’autres parents de Sorrell vivent à Ferrisburg et devraient être au courant de ces faits.

La déposante dit qu’elle sait que la Sears avait déjà eu des enfants d’autres hommes avant que Sorrell ne meurt, et elle pense aussi qu’elle s’est mariée avant que le soldat ne décède.

La déposante est d’avis que les faits, sur ces points, peuvent être corroborés par John Martin, Hivonne Perry, Phebe Hurlburt—Stephen Hazzard—la famille Dagin Carlos Martin et Oliver Sorrell.

La déposante ne pense pas que lesdits Sorrell et Eliza Sears aient jamais divorcé. Elle n’a jamais entendu Sorrell dire qu’il voulait divorcer, mais il disait toujours qu’elle ne pouvait pas lui causer d’ennuis, car il n’avait jamais vécu avec elle.

La déposante déclare ici qu’elle n’a jamais fait de demande de pension et n’a jamais comparu devant le juge Grandy ou toute autre personne pour y faire de déclaration; et si quelque formulaire avait été rempli, paraissant avoir été signé par elle, il n’est pas authentique. On l’a souvent pressée de le faire, et l’avocat Scott, anciennement de cette ville, lui a déjà offert vingt dollars afin qu’elle appose sa signature sur un document concernant une pension, mais elle a refusé. Elle n’a pas voulu le faire après avoir été mise au courant que l’autre femme en avait fait la demande.

C’est à l’époque où Sorrell servait dans l’armée que la déposante a entendu parler pour la première fois d’une certaine Fanny Van Buren [?] (comme on l’appelait), à propos de qui les soldats de l’armée avaient l’habitude d’écrire de terribles lettres à leur famille; qu’elle suivait leur campement où qu’il aille; qu’on la retrouvait souvent dans la charrette qui servait d’ambulance au corps d’armée de Sorrell; et qu’elle courait tellement après lui qu’ils en sont venus à s’inquiéter pour la déposante.

Ensuite, lors d’une permission, Sorrell est rentré à la maison et est resté auprès de la déposante les quatre premiers soirs. Puis, le soir suivant, il est parti chez son père à Ferrisburg et la déposante a rapidement découvert que la Fanny en question y était aussi; et aussi que Sorrell lui avait fait parvenir un télégramme l’invitant à venir le rejoindre là-bas. C’est ce que la soeur de Sorrell a dit à la déposante. Dès que la déposante a entendu cela, elle a sauté dans un tramway et a filé là-bas, mais Fanny, on ne sait pas comment, l’a su, alors quand la déposante est arrivée, Fanny était déjà repartie, rendue à un demi-mille de la gare. Par conséquent, la déposante ne l’a jamais rencontrée, mais elle suppose qu’il s’agit de la prétendue troisième femme de Sorrell originaire du New Hamphire. La déposante pense qu’il pourrait avoir rencontré cette Fanny durant l’un de ses vagabondages, quelque temps avant qu’il ne s’enrôle.

Elle ne voit pas à qui elle pourrait demander de vérifier ses déclarations, car aucun de ses voisins de l’époque ne vit dans cette ville, sauf Mme Ryan qui pourrait le faire, en partie.

et elle déclare en outre n’avoir aucun intérêt, direct ou indirect, dans la réclamation des [enfants] mineurs d’Abram Sorrell pour l’obtention d’une pension; et n’ajoute rien de plus.

Eliza Ayers (sa marque)

Déposante

Déclaré sous serment devant moi ce 30e jour de septembre 1881, et je certifie que le contenu des présentes a été porté en entier à la connaissance de la déposante avant qu’elle n’y appose sa signature.

Wm Hutchinson

Agent Exa spécial


♥ Un remerciement bien senti à Danielle Tourville pour la transcription et la traduction des documents.

♦ Pour en savoir plus sur mon Projet Vermont, c’est par ici!

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