52 ancêtres en 52 semaines : #29 Charles Tourville (1828-1907) et #30 Joseph Gier (Giguère) (1826-1892)

Il y a environ six ans, j’étais allée au County Courthouse du comté de Franklin, à Malone, dans l’État de New York, dans l’espoir de découvrir si Charles Tourville (père du sujet de notre article et marié à Sophie Arpajou), avait déjà été propriétaire d’une terre à Chateaugay. Malheureusement, ma recherche dans l’index des acheteurs (Grantee Index) n’a rien donné.

Puis, j’ai fait la même recherche, à la fois pour Charles Tourville fils et Joseph Gier, son beau-frère de par son mariage avec sa soeur Sophia Tourville; bien que j’aie pu confirmer l’achat d’une terre par Charles fils en 1864, ainsi que l’achat d’une terre par ses oncle et tante, Antoine LaCount et Catherine Tourville, en 1856, toujours rien à propos de Joseph Gier. Bizarre, puisque le recensement américain de 1860 pour Chateaugay donnait les renseignements suivants :

charles 1860

Recensement américain de 1860 pour Chateaugay, comté de Franklin, New York

joseph gier 1860

Recensement américain de 1860 pour Chateaugay, comté de Franklin, New York ~ Le nom de Joseph Gier y est erroné mais le nom de son épouse et des enfants correspond à celui paraissant dans les registres paroissiaux

Comme vous pouvez le constater, les deux beaux-frères étaient voisins en 1860 (les deux pages se suivent). Tous les deux y ont déclaré être le propriétaire d’une terre; d’une valeur de 1 000 $ pour celle de Charles, et de 500 $ pour celle de Joseph. Toute cette histoire est demeurée un mystère pour moi jusqu’à ce qu’enfin, il y a un an, je tombe sur quelques annonces publiées dans le journal The Malone Palladium (repéré sur le site de Chronicling America de la Library of Congress).

Charles Tourville The Malone palladium March 03 1864 page 3 image 3

The Mallone Palladium, 3 mars 1864, page 3, image 3

Malone Palladium Gier Apr 21 1864 page 3 image 3

The Mallone Palladium, 21 avril 1864, page 3, image 3

Selon ce que rapportent ces annonces, il est indiscutable que Charles Tourville fils et Joseph Gier étaient bel et bien tous les deux respectivement propriétaires d’une terre bien avant 1864. Il y est même indiqué que la terre de Charles était bornée par « l’ancienne terre de Charles E. De Tourville Sr. » Alors comment se fait-il que je n’aie trouvé aucun contrat d’achat avant 1864?

En août dernier, j’ai décidé de retourner à Malone (les registres d’achat de terres du comté de Franklin n’étant malheureusement pas encore disponibles sur le site de Family Search). J’ai alors réalisé l’erreur que j’avais commise la fois précédente.

Bien évidemment, après une nouvelle consultation de l’index des acheteurs, toujours rien à ce sujet. Puis, je me suis dit : Pourquoi ne pas plutôt jeter un coup d’oeil à l’index des vendeurs (Grantor Index)? Bingo! On y mentionne les terres vendues par Charles fils et Joseph par l’entremise du shérif en 1864. Pour chacun d’eux, les actes de vente stipulent une hypothèque enregistrée dans le volume 12 du répertoire des hypothèques (Mortgage Book 12). C’est ainsi que j’ai appris que Charles fils et Joseph ont acheté leur terre respective le même jour, du même vendeur, un dénommé Manly B. Boardman!

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Rien ne vaut une visite dans un dépôt d’archives même si c’est bien pratique d’avoir accès aux microfilms! ~ County Courthouse du comté de Franklin, Malone, New York

Voici les actes d’enregistrement d’une hypothèque pour chacun d’eux :

Charles Tourville fils

Comté de Franklin
Archives du service de la trésorerie
Livre des hypothèques, volume 12
[Page 409]
Charles E. De Tourville et son épouse
À
Manly B. Boardman

Cet acte intervenu le douzième jour de juillet mille huit cent cinquante-neuf entre Charles Ebon de Tourville et Julia, son épouse, de la ville de Chateaugay, comté de Franklin et de l’État de New York, d’une part, et Manly B. Boardman de Brooklyn, Comté de Kings et de l’État susmentionné, d’autre part, atteste que lesdites parties de première part, en contrepartie d’une somme de trois cent trente-deux dollars et vingt-six cents leur ayant été dûment payée, ont donné leur consentement à la négociation, à la vente et à la cession, et par les présentes, consentent à la négociation, à la vente et à la cession, à ladite partie de seconde part ainsi qu’à ses héritiers et ayants droit, de la totalité d’un certain lopin ou parcelle de terrain faisant partie du lot numéro vingt-deux (22), canton No 7, de l’ancien chemin militaire dans le comté de Franklin susmentionné et borné de la manière suivante ~~~

[Page 410]

vers le nord, par la limite nord dudit lot No 22; vers l’est, par la limite ouest d’une parcelle de terrain située sur ledit lot No 22, ayant auparavant été cédée en vertu d’un contrat à Charles Ebo DeTourville Sr; vers le sud, par la limite nord d’une parcelle de terrain située sur le même lot, ayant jadis été cédée à un certain Benjamin Signor; et, vers l’ouest, par le terrain de Julius Sancomb & Samuel Gage, faisant partie du même lot 22, présumé contenir environ cinquante acres de terre, avec les dépendances, le titre de propriété et les intérêts y détenus par ladite partie de première part, à l’avoir et à le conserver, pour ladite partie de seconde part, ses héritiers et ayants droit à perpétuité. Pourvu que, et ces présentes sont à la condition expresse que lesdites parties de première part, leurs héritiers, exécuteurs testamentaires ou administrateurs doivent et devront s’acquitter ou veiller à l’acquittement, à la partie de seconde part ou à son conseiller juridique, à ses héritiers, ses administrateurs ou ayants droit, la somme de trois cent trente-deux dollars et vingt-six cents, en trois versements annuels égaux avec intérêt annuel sur la totalité de la somme impayée, tel que prévu dans une certaine obligation ou reconnaissance de dette écrite portant la même date que les présentes, dûment signée par ledit Charles Ebon, De Tourville, en faveur de ladite partie de seconde part, lesquelles sommes, ledit Charles Ebon, De Tourville s’engageant par les présentes à payer, alors il sera mis un terme aux présentes et elles seront déclarées non avenues, et, en cas de défaut de paiement du capital ou des intérêts mentionnés ci-dessus, alors ladite partie de seconde part, ses exécuteurs testamentaires, administrateurs ou ayants droit sont par les présentes autorisés par la loi à vendre la totalité des lieux ci-dessus concédés ou partie de ceux-ci, le cas échéant, en autant que le prix de vente soit suffisant pour permettre le remboursement de la somme alors due incluant les coûts et dépenses, tel que prévu par la loi, tout excédant de cette dite somme devant être remise au dit Charles Ebon De Tourville, ses héritiers, exécuteurs testamentaires, administrateurs ou ayants droit. En foi de quoi, lesdites parties de première part ont apposé aux présentes leur seing et leur sceau le jour et l’année ci-haut mentionnés.

Scellé et délivré
En présence de Putnam B Frisk
Ralph Swinburne
Charles Ebon De Tourville (sa marque)
Julia De Tourville (sa marque)
État de New York
Comté de Franklin

Le treizième jour de juillet 1859, ont comparu devant moi, le soussigné, Charles Ebon DeTourville et Julia DeTourville, son épouse, qui ont reconnu avoir dûment signé, conjointement et solidairement, les présentes aux fins y exprimées, et ladite Julia De Tourville, lors d’un entretien privé tenu à l’écart de son époux, a reconnu avoir signé les présentes de son plein gré, sans crainte ou quelque contrainte que ce soit de la part de son époux. Je certifie en outre connaître les personnes qui ont déclaré être les individus décrits aux présentes et qui les ont dûment signées.

Putnam B. Frisk
Juge de paix
Enregistré le 29 juillet 1859, à 14 h
N. D. Martin, greffier adjoint

Joseph Gier

État de New York
Comté de Franklin
Archives du service de la trésorerie
Livre des hypothèques, volume 12
[Page 416]
Joseph Gier
À
Manly B. Boardman

Cet acte intervenu le douzième jour de juillet mille huit cent cinquante-neuf, entre Joseph Gier, de la ville de Chateaugay, comté de Franklin et de l’État de New York, d’une part, et Manly B. Boardman, de la ville de Brooklyn, Comté de Kings, et de l’État susmentionné, d’autre part, atteste que ladite partie de première part, en contrepartie d’une somme de quatre cent huit dollars et cinquante-sept cents représentant le prix d’achat pour l’acquisition des lieux ci-après décrits, a vendu, et, par les présentes, donne son consentement et consent à la cession, à ladite partie de seconde part ainsi qu’à ses héritiers et ayants droit. ~ La totalité d’un certain lopin ou parcelle de terrain faisant partie du lot No 22, du canton No 7, de l’ancien chemin militaire dans le comté de Franklin ci-haut mentionné, borné de la manière suivante. Vers le nord, par la limite nord du lot; vers l’est, par la limite est du même [lot]; vers le sud, par la limite nord d’une parcelle de terrain sur ledit lot 22, ayant jadis été cédée à un certain Benjamin Signor; et, vers l’ouest, par un tracé allant au nord et au sud à partir de la limite nord du lot jusqu’à limite nord parallèle à la ligne est du lot dudit Benjamin Signor, et à une distance raisonnable de ladite limite est pour y inclure dans les limites spécifiées ci-dessus, cinquante acres de terre, avec les dépendances, le titre de propriété et les intérêts y détenus par ladite partie de première part. ~ Ce consentement est prévu en tant que garantie pour le paiement de quatre cent huit dollars et cinquante-sept cents en trois versements annuels égaux avec intérêts annuels
[Page 417]
sur la totalité de la somme impayée, tel que prévu dans une certaine obligation ou reconnaissance de dette écrite, portant la même date que les présentes, dûment signée par le [même] Joseph Gier, en faveur de ladite partie de seconde part, en tant que [garantie] accessoire, dont les paiements, si dûment remboursés tel que prévu, annuleront ce consentement; et s’il devait advenir un défaut de paiement du capital, tel que ci-haut mentionné, alors ladite partie de seconde part et ses [héritiers] sont par les présentes autorisés par la loi à vendre la totalité ou partie des lieux concédés, le cas échéant, en autant que le prix de vente soit suffisant pour permettre le remboursement de la somme lui étant alors due incluant les coûts et dépenses, tel que prévu par la loi,

En foi de quoi, ladite partie de première part a [apposé] aux présentes son seing et son sceau le jour et l’année ci-haut mentionnés.

Scellé et délivré en présence de Joseph Gier (sa marque)

Les mots « représentant le prix pour l’acquisition des lieux ci-après décrits » ont été révisés intentionnellement avant signature.

Ralph Swinburn

État de New York & Comté } J’atteste que le 2 aôut 18[59], a comparu devant moi, Joseph Gier [connu], en ce qui me concerne, comme étant la personne décrite aux présentes et ayant signé et reconnu avoir signé l’hypothèque qui précède.

Putnam B. Frisk, Juge de paix
Enregistré le 28 [?] août 1859, à 9 h
N. D. Martin, greffier adjoint

Après avoir mis la main sur ces documents, m’adressant à la préposée du County Courthouse, je lui demande pour quelle raison je ne trouvais pas les actes d’achat pour ces terres. Était-ce parce qu’il y avait un acte d’enregistrement d’hypothèque? « Non, il devrait quand même y avoir un contrat d’achat. » m’a-t-elle répondu; mais selon elle, à cette époque, il arrivait encore que certaines transactions immobilières ne soient pas enregistrées. « Même si c’était obligatoire pour l’État de New York depuis 1823? » ai-je ajouté. « Malheureusement, oui », a-t-elle conclu.

Au début, je croyais plausible que Charles fils et Joseph aient chacun acheté leur terre avec l’héritage de Charles père; mais j’ai dû écarter cette hypothèse puisque le montant des deux hypothèques correspond au montant intégral de la vente. De plus, il ne s’agit pas du rachat de la terre de Charles Tourville père : cette dernière était voisine de celle de Charles fils et, en outre, Manly B. Boardman en était le vendeur.

Peu importe, il s’avère que ni Joseph ni Charles fils n’a pu rembourser son emprunt hypothécaire et chacun d’eux a été forcé de vendre sa terre. Seul Charles a pu en acquérir une autre en 1864; Joseph, lui, a perdu la sienne pour de bon.

Finalement, selon mes recherches sur le site Internet des New York State Archives, les jugements rendus par la Cour suprême de l’État de New York me laissent croire que des documents seraient disponibles sur place à Albany.

Un petit voyage pour l’été prochain?

lot 22 map

Cette carte est très utile pour voir où était situé le lot 22 dans la ville de Chateaugay, New York ~ David Rumsey Map Collection (cliquez sur la carte pour visiter son site)

lot 22 1876

Cette carte nous montre le lot 22 en 1876. Les Tourville n’avaient pas abandonné l’idée d’être propriétaires d’une terre! Peter Tourville était propriétaire d’une terre dans le lot 40 mais Charles Tourville père (attention, dans cet article il s’agit de Charles Tourville fils, marié à Julia Leclair), et son fils Charles Tourville étaient propriétaires d’une terre dans le lot 22. ~ Maps from Beer’s 1876 Franklin County, New York Atlas (cliquez sur la carte pour accéder au site)


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