52 ancêtres en 52 semaines : #16 Tourville Dance Pavilion (1929-?)

Il y a encore des pans de mystère entourant la vie de Peter Tourville (1809-1891) sur lesquels je compte me pencher lorsque je serai à la Family History Library à Salt Lake City plus tard cet automne, mais pour l’instant oublions Peter et voyons plutôt ce qu’il est advenu de la terre qu’il possédait dans le comté de Jersey, en Illinois, aux États-Unis.

Peter Tourville landLe 18 décembre 1848, Peter a acquis de David Murphy une terre de 80 acres dont la description exacte est la suivante : le quart sud-est de la moitié ouest de la section 2 de la localité 6 nord, dans la rangée 11 ouest, sur le méridien principal, dans le comté de Jersey, en Illinois. De nos jours, la terre se situe à Dow mais la localité a été identifiée différemment d’un recensement à l’autre (1860-70-80). Quelqu’un, qui comme moi, ne serait pas très familier avec la géographie du comté de Jersey, pourrait penser que Peter passait son temps à déménager. Eh! bien non, pas du tout! Il a vécu toutes ces années sur la même terre, son avis de décès mentionnant qu’il s’y était établi 45 ans plus tôt. Malheureusement, nous ne connaissons pas la date exacte de son arrivée dans le comté de Jersey, Peter n’étant pas répertorié dans le recensement américain de 1850, mais c’est bien sur cette terre qu’il a vécu les dernières décennies de sa vie jusqu’à son décès en 1891.

À mon avis, il devait être malade depuis un certain temps puisque le 13 avril 1891, soit quelques mois avant son décès, il rédigeait son testament, dans lequel il déclare laisser la terre décrite ci-dessus à son petit-fils, Peter F. Glassbrenner, et, qu’advenant le décès de ce dernier, la terre devra être partagée en parts égales entre les enfants survivants de Peter F. Glassbrenner. Il lègue également à Peter toute sa fortune personnelle, à l’exception du contenu de la maison et du mobilier de cuisine.

L’avis de décès du père de Peter F. Glassbrenner, George Glassbrenner (décédé en 1915), nous apprend que lui et sa femme, Mary Aspasie Tourville, ont quitté Newbern (tout près de Dow) vers 1908 pour aller vivre auprès de leurs enfants à Alton, dans le comté voisin de Madison, toujours en Illinois.

Qu’est-il advenu de la terre après le déménagement de Peter F. Glassbrenner? C’est ce que je souhaite découvrir à Salt Lake City; mais une chose est sûre et certaine : en 1929, elle a été acquise par George Miller, bien connu pour avoir travaillé dans une usine de balais, du Dr. G. E. Wilkinson qui en était alors propriétaire et qui y avait construit une station touristique sur le même site où un dénommé Tourville, d’origine française, aïeul de la famille Glassbrenner, y tenait une taverne.

L’édition du Alton Evening Telegraph du 26 novembre 1929 nous informe que :

« Tourville se trouve sur la Route 3, neuf milles après le début de la route en direction nord, qu’elle est ouverte et prête à accueillir les touristes. Tourville est située à un endroit connu sous l’appellation de terre de Rintoul, un emplacement historique. […] Donc, Tourville n’évoque pas seulement le nom de la station touristique mais également celui d’un homme, M. Tourville, qui offrait des boissons désaltérantes aux gens de passage. »

C’est à cet emplacement que George Miller exploitait désormais un poste d’essence moderne avec comptoir lunch ainsi qu’une station-service complète pour automobilistes. Une salle de danse avait aussi été aménagée; c’est d’ailleurs là que la pendaison de crémaillère devait être célébrée avec une danse champêtre du « bon vieux temps »!

Le 30 novembre 1929, le Alton Evening Telegraph relate que, malgré le froid, l’inauguration de la Station Tourville a attiré les foules en cette soirée de Thanksgiving. Environ 200 personnes ont participé à la danse et tous les patins à roulettes ont trouvé preneur. Il semble cependant que les mauvaises conditions climatiques aient retardé de deux semaines l’ouverture du poste d’essence et du comptoir lunch. De plus, George Miller prévoit construire des cabins pour accueillir les touristes au retour de la belle saison.

Un an a passé et la Station Tourville parait déjà s’être mérité toute une réputation puisqu’elle fait les manchettes en novembre 1930 : quatre personnes sont arrêtées et détenues après une soirée mouvementée à la salle de danse. L’endroit a même été fermé par les autorités en raison des nombreuses bagarres qui y ont eu lieu et du fait que le propriétaire ait omis d’obtenir sa licence au préalable. La station est cependant demeurée ouverte pour les amateurs de patins à roulette.

À la mi-janvier, la salle de danse a été rouverte, mais sous haute surveillance, nous rapportent les journaux. George Miller a assuré les autorités qu’il prendrait bien soin de tenir les bootleggers à distance.

Heureusement, la Station Tourville a aussi été le théâtre d’événements plus heureux, comme ce mariage en 1931.

Cowboy wedding

Les jeune mariés M. et Mme William Crane au Tourville ~~~ Soirée de noces au Tourville, au cours de laquelle la danse Western sera à l’honneur, pour William Crane, chef d’orchestre du Cowboy Band, et son épouse, qui convolaient en justes noces mardi. La nouvelle mariée dont le nom de jeune fille était Madeline Pfisterer, habitait au 2531 West University Street à Saint-Louis.

Puis, en juillet 1931, changement de garde à la Station Tourville. En effet, Tom Fish, d’Upper Alton, a conclu avec George Miller un contrat de location pour la station touristique et la salle de danse sur la Route 3. George Miller ayant décidé de retourner travailler à l’usine de balais, Tom Fish prendra le relais et sera épaulé par son beau-frère, Lee Freeman de St-Louis, pour la gestion de la station.

Trois ans plus tard, en 1934, Harry Scott et Jack Mann achètent la Salle de danse Tourville. Ils décident d’organiser un concours auquel les clients sont invités à participer. Leur but : changer le nom de la salle de danse (je soupçonne que la mauvaise réputation des lieux leur en a donné l’idée). Il semblerait que « Gables » ait remporté la palme.

Gables

Grande soirée dansante et spectacle de variétés au Gables (anciennement Tourville) vendredi soir, 17 juillet, mettant en vedette Ambrose Haley, Ozark Sweetheart, Dynamite Jim, Don Walker et plusieurs autres invités. Admission 25 sous. Enfants 10 sous.

Plus tard, en 1938, une annonce indique que la Salle de danse Tourville était toujours en activité, cette fois-ci sur la Route 67? Y aurait-il eu déménagement?

Route 67

Danse au Tourville sur la Route 67, samedi soir, 24 septembre. En vedette, de Fieldon, Frank Smith et son orchestre


Il y a quelques jours, suite à une question que j’inscrivais sur la page Facebook de la Jersey County Historical Society, quelqu’un a été assez gentil pour aller photographier le site de l’ancienne Salle de danse Tourville. Actuellement, on ignore s’il s’agit du bâtiment d’origine, mais aucun doute, c’est bien l’emplacement où Peter Tourville s’est établi il y a plus de 160 ans. Et je n’arrive toujours pas à croire qu’en 2015 l’on désigne encore cet endroit « Tourville » alors qu’il y a plus de 100 ans que la famille a quitté les lieux.

Et sans cet article, comment aurions-nous pu savoir que Peter Tourville tenait une taverne sur sa terre? J’adore les vieux journaux!


Me reste l’espoir qu’au moins une personne de cette localité puisse un jour me faire part de souvenirs ou d’anecdotes!


52ancestors-2015