52 ancêtres en 52 semaines : #3 Malvina Tourville (née Hogue) (1859-1880)

En novembre dernier, lors de mon voyage à Salt Lake City, j’ai trouvé un article dans le Daily Arkansas Gazette daté du 9 mai 1880 qui relatait une manchette datée du 30 avril précédent en provenance de Montréal. Une femme serait morte de peur en voyant passer devant chez elle deux hommes gravement brûlés sur leur lieu de travail, les frères Couvrette. On donnait le nom de « Mrs. Tourville » sans autre renseignement.

La seule personne dans ma base de données qui est décédée en 1880 et qui vivait à Montréal à cette époque était Malvina Hogue, épouse de Moïse Tourville, mais je l’ai écartée d’emblée puisqu’elle était décédée le 19 avril. Je décide donc d’aller sur le site de la BANQ pour vérifier si le journal La Minerve en ferait mention. Comme la manchette était datée du 30 avril, j’ai parcouru le journal au complet. Rien. L’édition du 1er mai peut-être? Oui! Il s’agissait bien de Malvina Hogue, le journal La Minerve donnant beaucoup plus de détails sur les circonstances de son décès que celui de l’Arkansas. Le 19 avril? Eh! bien c’était une erreur de transcription de ma part. J’ai vérifié le registre de Notre-Dame de Montréal et c’est bien le 29! C’est maintenant corrigé dans la base de données.

Voici les deux articles en question :

Daily Arkansas Gazette

Provenance : Daily Arkansas Gazette, 9 mai 1880, page 1

La Minerve 01051880 malvina hogue tourville

Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, La Minerve, 1er mai 1880, page 1

Malvina Hogue est née le 16 juin 1859 à Montréal (Hochelaga). Elle était la fille de Pierre Hogue et de Josephte Boyer. Malvina a épousé Moïse Tourville le 22 octobre 1878 à St-Henri. Elle a eu une fille prénommée Évélina née le 31 août 1879 à St-Henri. Il s’agit de l’enfant mentionné dans le texte.

Cet article est vraiment tombé à point! Je travaille sur la famille de Moïse Tourville et sur celle de sa deuxième épouse, Azilda Labelle, qu’il a épousé à Chicago en 1884. Cet homme a eu un parcours fascinant. Lui et sa famille feront l’objet d’un prochain article.

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52 ancêtres en 52 semaines : #2 Marie Louise King (1852-1934), Oliver King (1829-1899), Joseph King (1831-1904)

Le thème portant sur les « King » proposé par Amy Johnson Crow pour le défi 52 ancêtres/52 semaines m’a fait penser à Marie Louise King. Coïncidence amusante, j’ai reçu d’un membre de sa famille une photo d’elle la même semaine.

Marie Louise King (1852-1934)

Marie Louise Tourville (née King)  (1852-1934)

Marie Louise est née le 10 mars 1852 à North Ferrisburgh, dans le comté d’Addison, au Vermont. Elle était la fille d’Oliver King (Olivier Roi) et d’Eleonore Dufresne. Elle a été baptisée à la St. Mary’s Church, à Burlington, au Vermont, le 5 juin de la même année.

Marie Louise était probablement l’aînée de sa fratrie. Même si nous n’avons pas trouvé de preuve de mariage pour ses parents, son père vivait avec un Joseph King, probablement son frère, à Ferrisburgh, au Vermont, en 1850. Oliver et Eleonore se sont probablement mariés à la fin de 1850 ou en 1851.

Jusqu’à son mariage avec Henry Tourville, le 25 juin 1870, à la St. Joseph’s Church à Burlington, au Vermont, Marie Louise vivait, selon les recensements américains de 1860 et de 1870, à Ferrisburgh. Ce couple a rapidement émigré à Sparta, au Wisconsin, étant donné que leur fils aîné, Charles Henry Tourville, y est né le 22 octobre 1872. Ils ont eu au moins 5 autres enfants. Henry Tourville et Marie Louise King sont tous les deux inhumés dans le cimetière de Woodlawn, à Sparta. Henry est décédé le 20 octobre 1924 et Marie Louise, le 4 mai 1934.

Voilà les renseignements que j’avais sur Marie Louise au moment où j’ai reçu sa photo. Par la suite, j’ai trouvé sur Find A Grave que son père Oliver était inhumé à East Charlotte, au Vermont. La note biographique mentionne qu’il est né le 19 décembre 1829. Son acte de décès de la ville de Ferrisburgh indique qu’il était âgé de 68 ans et 1 mois en janvier 1899. Son mois de naissance serait donc décembre mais son année de naissance serait 1831 et non 1829. Un autre Olivier Roi est né en décembre 1831. Comment peut-on être certain que notre Oliver est bien celui né en 1829?

J’ai décidé d’en savoir un peu plus sur son frère Joseph qui vivait avec lui à Ferrisburgh en 1850. J’ai trouvé un acte de mariage pour un Joseph King, à Vergennes, au Vermont, en 1856, avec Charlotte Balduke (Bolduc). Ce couple a eu un enfant de sexe masculin né le 15 mai 1857 à Vergennes. Je perds leur trace par la suite. Mais j’ai tout de même trouvé un Joseph King, né en 1831, au Canada, avec sa femme Charlotte, née en 1838, au Vermont, et son fils Augustus, né en 1857, au Vermont. qui vivait à Sparta, au Wisconsin, en 1860, soit la même ville où a émigré sa nièce Marie Louise au début des années 1870. Cela semble concorder avec notre couple du Vermont.

Joseph King, qui vit au Wisconsin, y est décédé en 1904. Son acte de décès ne mentionne que le nom de sa mère, soit Mary. Sa date de naissance était le 1er janvier 1832. Ça me satisfait, la date de naissance de Joseph Roi, frère d’Olivier Roi, né en 1829 à Maskinongé, est la même mais en 1831. De plus, selon l’acte de mariage de Joseph en 1876, ses parents sont Oliver et Louise King (les parents d’Olivier, né en 1829 et de Joseph né en 1831 sont Olivier Roi et Louise Leblanc). Parfait, nous y sommes! J’ai commandé l’avis de décès de Joseph mais je ne l’ai pas encore reçu. Le résumé de cet avis mentionne que Joseph avait été marié trois fois. Avec l’aide des recensements et les actes du Wisconsin, j’ai pu en déduire que Joseph King, comme nous le savons déjà, s’est d’abord marié avec Charlotte Balduke et qu’ils ont eu au moins un autre enfant, une fille prénommée Charlotte, née en 1862 au Wisconsin (selon son acte de mariage). Au recensement de 1870, Joseph était marié à Addie qui est décédée en 1875. En 1876, Joseph s’est marié à Mary A. Brown.

J’effectuerai d’autres recherches sur Joseph King. Mais maintenant que nous pouvons établir qu’Oliver et Joseph étaient frères, arrêtons-nous un moment sur leurs parents.
Olivier Roi et Louise Leblanc se sont mariés en 1825, à Maskinongé, au Québec. Ils ont eu 4 enfants, soit Marie-Louise (1827), Olivier (1829), Joseph (1831) et Clarisse (1833) qui est née après le décès de son père. Clarisse n’a jamais quitté le Canada.

Divers documents semblent suggérer qu’Oliver et Joseph ont probablement émigré aux États-Unis vers 1848. Tous les deux étaient forgerons.

Lorsque je recevrai les avis de décès que j’ai commandé pour Joseph King et Marie Louise King Tourville, je mettrai cet article à jour.

De plus, plusieurs documents concernant la vie de Joseph King au Wisconsin sont disponibles. Je ferai une mise à jour sur lui également.

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52 ancêtres en 52 semaines : #1 Jeanne Garnier (1683 – ?)

Les archives nous réservent parfois de belles surprises. Prenons le cas de Jeanne Garnier, enlevée avec plusieurs membres de sa famille par les Iroquois en novembre 1689 à Lachenaie. Comment peut-on même espérer connaître le sort qui lui a été réservé? Mais avant d’en venir à Jeanne, remettons-nous en contexte.

Dans son mémoire de maîtrise, Le Premier demi-siècle de Lachenaie (1670-1724), Mario Nadon avance une explication concernant l’absence de certains membres de la famille Hubou dans les actes de décès des registres paroissiaux de l’époque.

Mathieu Hubou et Suzanne Betfer ont eu neuf enfants. En novembre 1689, Suzanne est veuve depuis déjà onze ans et au moins cinq de ses enfants sont toujours vivants. Elle habite avec deux de ses fils, toujours célibataires, Mathieu, 36 ans, et Charles, 24 ans. Ses deux filles sont mariées : Geneviève, à Julien Garnier, et Anne, à René Sauvageau. Jean Hubou est marié depuis un an à Marguerite Goulet. Tous habitent la seigneurie de Lachenaie.

Le conflit franco-iroquois sévit depuis quelques années déjà et, en août 1689, le village de Lachenaie est attaqué par les Iroquois. Effrayés, ses habitants se réfugient dans le fort. À l’automne, une certaine accalmie les encourage à retourner sur leur terre. Cependant, dans la nuit du 13 novembre 1689, ils ont été surpris dans leur sommeil par quelque 150 Iroquois.

Le bilan est lourd. Avec cette attaque, c’est près du tiers de la population de Lachenaie qui disparaît, 33 personnes ayant été tuées ou portées disparues.

La famille Hubou a été durement éprouvée par ces événements. Suzanne Betfer et Charles Hubou seraient parmi les victimes. Un inventaire après décès du notaire Basset daté du 12 décembre 1689 confirme que Geneviève Hubou et Julien Garnier sont morts ou disparus dans la nuit du 13 novembre. Un autre document du notaire Basset, daté du 1er juin 1691 celui-là, mentionne que René Sauvageau a été tué par les Iroquois en 1689. On présume que cinq des six enfants Sauvageau ont également subi le même sort. Ce dernier document décrit également le marché passé entre Joseph Barbeau et Jean-Baptiste Hubou, procureur des successions de Mathieu Hubou et de Suzanne Betfer, de Julien Garnier et de René Sauvageau, comme étant un acte visant à entretenir paix et amitié entre les dites parties puisque Joseph Barbeau serait responsable de la mort de Julien et de René tués par les Iroquois.

Après ces événements, Anne Hubou quitte Lachenaie avec sa fille aînée pour s’installer à Montréal où elle épousera Moïse Hilarest en 1691. Elle mourut en 1728, à l’âge de 69 ans. Toutefois, ce drame ne semble pas avoir incité les autres membres de la famille à quitter les environs de Lachenaie. Mathieu Hubou épousera Catherine Goulet en 1694, il mourra en 1723 à St-François-de l’île Jésus. Jean Hubou disparaît entre 1696 et 1699, probablement tué au cours d’une expédition militaire. Il était le premier brigadier des gardes du marquis de Denonville. Sa veuve épouse Michel Feuillon en 1699.

La seule survivante de la famille Garnier serait donc Geneviève, qui avait 7 ans au moment de l’attaque. Son oncle maternel, Mathieu Hubou Deslongchamps fils, est son tuteur comme en fait foi un acte de tutelle daté de janvier 1698. Elle serait la seule héritière de ses parents.

Le 12 juin 1702, à l’âge de 20 ans, Geneviève épouse Jean Rochon (ou Rocheron) à St-François-de-Sales de l’île Jésus. Assistent à la cérémonie Jean Beauchamp, Pierre Beauchamp, Mathieu Hubou, son oncle et tuteur, Catherine Goulet, sa tante, épouse de Mathieu.

Or, un document daté du 27 juin 1706 et disponible sur le site de BANQ nous apprend que Julien Garnier serait décédé mais que sa fille Jeanne, faite prisonnière avec lui, serait, selon la rumeur publique, toujours vivante, aurait épousé un Amérindien et vivrait chez la nation iroquoise Oneyoutes.

On peut presque imaginer la panique de Jean Rocheron qui s’adresse à l’intendant Raudot pour s’assurer de pouvoir jouir de l’héritage de sa femme. Il affirme que la terre de Julien Garnier a été abandonnée et laissée en mauvais état et qu’il ne compte pas les travaux qu’il a dû accomplir, à sa charge, pour mettre en valeur ce bien. Il mentionne qu’on a toujours cru Jeanne Garnier décédée et qu’il ne pense pas qu’elle reviendra vivre parmi les siens puisqu’elle vivrait désormais « à la façon des Sauvages ». L’intendant Raudot tranche et déclare que Jean Rocheron peut prendre possession des biens de Julien Garnier à la condition d’en remettre la moitié à Jeanne si jamais elle revient de captivité. Le document fait également état de la décharge de Mathieu Hubou Deslongchamps, en sa qualité de tuteur. Ce biens sont tous situés à Lachenaie.

Un autre document du notaire Nicolas Senet, daté du 15 juillet 1711, mentionne également que Jeanne Garnier a été adoptée par les Iroquois. Ce document porte sur une transaction effectuée entre Jean Rocheron et Mathieu Hubou.

Geneviève et Jean ont eu 13 enfants. Geneviève décède en 1758 à l’âge de 76 ans sans avoir jamais revu sa soeur.

En terminant, voici la liste des disparus de la famille Hubou après la nuit du 13 novembre 1689 :

  • Suzanne Betfer, env. 55 ans
  • Charles Hubou, 24 ans
  • Julien Garnier, 40 ans
  • Geneviève Hubou, 33 ans
  • Pierre Garnier, 10 ans
  • Jeanne Garnier, 6 ans
  • Charles Garnier, 5 ans
  • Michel Garnier, 4 ans
  • Marguerite Garnier, 1 an
  • René Sauvageau, env. 67 ans
  • Marguerite Sauvageau, 8 ans
  • Marie-Thérèse Sauvageau, 7 ans
  • Flavie Sauvageau, 5 ans
  • Bernard Sauvageau,  2 ans
  • Marie Sauvageau, 1 an

Bibliographie :

Mario Nadon, Le Premier demi-siècle de Lachenaie (1670-1724)

Claude Martel, Lachenaie : du fort à la ville